Le cinéma de James Gray se démarque de la produc­tion améri­caine actuelle. Mettant la mise en scène au service de la narra­tion et non l’in­verse, il s’ins­crit plus dans un courant de cinéma dit « clas­sique », hérité du Nouvel Holly­wood. Avec sept films accla­més par la critique (on oubliera volon­tai­re­ment Blood Ties co-écrit avec Guillaume Canet) James Gray a su tisser une œuvre aussi intime qu’u­ni­ver­selle et donner un nouveau souffle au cinéma améri­cain.

Les liens du sang

Les conflits entre le bien et le mal, les liens fami­liaux, ou encore l’inac­ces­si­bi­lité du rêve améri­cain : dès son premier film, James Gray instaure les théma­tiques phares de son cinéma. Ce sont d’abord les quar­tiers défa­vo­ri­sés de Brook­lyn (lieu de son enfance) qu’il filme sur fond de mafia juive dans Little Odessa, dans lequel Tim Roth impres­sionne en tueur à gages renié par sa famille et déchiré par la violence. Il conti­nue ensuite d’ex­ploi­ter les parcours moraux ambi­gus et le poids de la famille avec The Yards, mais surtout avec son chef d’œuvre, La Nuit nous appar­tient, présenté pendant le festi­val. Un polar crépus­cu­laire hypno­ti­sant par sa violence, mais encore plus par les conflits inté­rieurs du jeune Joaquin Phoe­nix partagé entre les plai­sirs illé­gaux du monde de la nuit et sa famille de poli­ciers. Le succès du film permet à James Gray de se confron­ter à d’autres codes du cinéma comme la romance avec Two Lovers, le film d’aven­tures avec The Lost City Of Z ou encore la science-fiction avec le récent Ad Astra.

Gwyneth Palthrox et Joaquin Phoenix dans Two lovers de James Gray, bonnet, doudoune.
Joaquin Phoe­nix et Gwyneth Paltrow dans Two lovers de James Gray, grand film d’amour.

Family life

Rela­tions amou­reuses contra­riées d’un côté et recherche de figure pater­nelle absente de l’autre : le cinéaste conserve ses obses­sions et ne cesse de tisser des histoires complexes où les liens se distendent. Après l’Ama­zo­nie et Neptune et un détour par la mise en scène d’opéra (Les Noces de Mozart à Paris), James Gray retrouve les faubourgs de New York qui l’ont vu gran­dir avec Arma­ged­don Time, film auto­bio­gra­phique où il appro­fon­dit son sujet de prédi­lec­tion, la famille, dans ce qui appa­raît comme son film le plus person­nel. On a hâte. J. D.

Rencontre avec James Gray au Pathé Belle­cour, Lyon 2e. dimanche 16 octobre à 15h15.

Avant-première de Arma­ged­don Time (2022, 1h55) à l’Ins­ti­tut Lumière dimanche 16 octobre à 17h30. Films de la rétros­pec­tive : Little OdessaLa Nuit nous appar­tientTwo LoversThe Lost City of Z. 5/7 €. James Gray présen­tera tous ces films dimanche 16 octobre au festi­val Lumière.