L’avan­tage avec les films de Claude Lelouch, c’est qu’on les oublie aussi vite qu’il les tourne. Mais le problème quand on les re-regarde, c’est qu’ils ont réussi à vieillir encore un peu plus, alors qu’ils étaient déjà vieux, deve­nant souvent irre­gar­dables. Et par égare­ment on se souvient d’un bon moment, c’est celui d’un acteur, jamais d’un film… Il faut avoir vu dans Tout ça pour ça une des 1003 ex de Claude Lelouch, Ales­san­dra Martines, danser tota­le­ment à poil par-dessus l’as­sis­tance du palais de justice de Lyon pendant que la tribu des mâles ricane en lui collant un procès de divor­cée, pour savoir ce que c’est que la miso­gy­nie au cinéma.

Lelouch n’aime pas les acteurs, il les regarde jouer. Même l’idée du person­nage de pilote de voiture dans Un homme et une femme vient de Trin­ti­gnant et pas de lui.  En fait, c’est un psycho­logue qui sait très bien mani­pu­ler les gens en lais­sant sa caméra tour­ner… dans tous les sens. Quant aux actrices, il les préfère mani­fes­te­ment quand elles sortent de son lit. Sa vision des femmes est à peu près égale à sa science du plan fixe : mépri­sée. Et de ce point de vue-là non plus, on aurait bien du mal à défendre sa filmo­gra­phie : à part pour rigo­ler le temps d’une spaghetti party, qui se souvient de Marie Sophie L., Ales­san­dra Martines, Evelyne Bouix (avant Pierre Arditi) ou Patri­cia Kaas, héroïne de l’iné­nar­rable And now ladies and gent­le­men… dans lequel elle prononce cette phrase magique : “Je pars en tour­née dans les hôtels du groupe Accor… » Imagine-t-on Mick Jagger faire sa tour­née “prisu” ? (compa­rai­son n’est pas raison)

Claude Lelouch, l’argent et les femmes


Car s’il y a toujours de entour­loupes sous le lit de Claude Lelouch, il y a aussi toujours des place­ments de produits bien filous dans ses films. Comme la pub Alpine Renault qu’il a tour­née lui-même, diffu­sée avant son propre film Il y a des jours et des lunes qui lui avait valu de se récon­ci­lier avec les Cahiers du cinéma (le film, pas la pub…). Car s’il y a bien une chose à laquelle Lelouch a toujours veillé, c’est bien l’argent. avec cet art très français de nous faire prendre des vessies pour des lanternes en se disant méprisé par l’in­tel­li­gent­sia de la produc­tion ciné­ma­to­gra­phique et qu’il n’ar­rive jamais à tour­ner… Alors qu’il a tourné 50 films quand Kubrick en réali­sait 13… avec un résul­tat artis­tique certes inver­se­ment propor­tion­nel. ça ne l’em­pêche pas d’être invité partout : la preuve, il a même sa master class au festi­val Lumière. Ouf, avec un peu moins de chance, il aurait pu rece­voir le prix !

Bande annonce du dernier film de Claude Lelouch, enfin, on espè­re…

Master class Claude Lelouch, 60 ans de cinéma. Samedi 22 octobre à 16h30 au TNP à Villeur­banne dans le cadre du festi­val Lumière. Et dire que c’est payant… Il en profi­tera pour vendre son coffret bien sûr.