Vous êtes un sniper qui n’a pas peur d’abor­der les sujets les plus chauds tout en restant sympa. C’est assez rare d’etre mal pensant et convi­vial à la fois. D’où vous vient cette bonne nature ?

Fabrice Eboué : « C’est assez natu­rel chez moi, j’ai eu la chance d’avoir assez de succès pour ne pas être aigri et rester joyeux. Après le rire m’in­té­resse pour fran­chir des limites, sinon il reste convenu.

J’ai été à bonne école. J’ai commencé en duo au café-théâtre puis en solo assez vite aux blancs manteaux, après j’ai fait ce qu’il faut de radio ou télé donc j’ai eu la chance avoir un parcours assez natu­rel sans trop d’ac­ci­dent. D’où mon côté facile à vivre. J’au­rais vrai­ment mauvais genre à me plaindre ou à faire payer mes humeurs…

Comment travaillez vous pour rôder un nouveau spec­tacle ?

Les choses sont assez natu­relles pour moi. J’ai commencé à rôder en bas de chez moi au « Lieu » un café-théâtre de 30 places, à 10 euros la place. On ne peut pas tricher avec le one man show : le public est content de nous voir a priori, mais au bout de cinq minutes, il faut y aller, le tenir, sinon il ne se passe plus rien. En plus, il y a toute une géné­ra­tion de jeunes humo­ristes qui pousse donc on est obligé de travailler ! (rires) Il y a deux phases dans l’écri­ture d’un spec­tacle pour moi : d’abord la phase de créa­tion, ensuite la phase d’ex­pé­ri­men­ta­tion : je vois ce qui fonc­tionne ou pas sur scène. Je suis très tatillon là-dessus : un spec­tacle se doit de fonc­tion­ner tous les soirs. Je corrige donc en fonc­tion, avant de petit à petit passer dans de plus grandes salles. On se rend compte très vite d’une vanne qui ne fonc­tionne pas… C’est une super école. Sur scène, on ne peut pas se permettre d’être médiocre et le one man show nous ramène rapi­de­ment à l’hu­mi­lité.

Avez-vous des limites ?

Mon seul censeur, c’est le rire. J’ai tendance à faire confiance à l’in­tel­li­gence du public, et j’ai un public assez éclec­tique, comme je suis passé par le Jamel Comedy Club ou Ruquier. Le spec­tacle a main­te­nant trouvé sa forme abou­tie. Malheu­reu­se­ment, je parle toujours des atten­tats isla­mistes car il y en a toujours, mais aussi de Jacques Chirac ou de choses de la vie quoti­dienne. J’es­saie de ne ména­ger personne mais toujours en pratiquant l’au­to­dé­ri­sion…

Vous conti­nuer toujours le cinéma paral­lè­le­ment ?

Oui, j’ai un projet pour le prin­temps prochain, mais je pense que je ne ferai que réali­ser. Il

ne faut pas se mentir, c’est très compliqué de jouer et réali­ser en même temps, et je prends de plus en plus de plai­sir à réali­ser. Mais j’es­saie aussi de ne pas toujours donner au public ce qu’il attend. C’est une rela­tion de confiance dans laquelle on doit toujours cher­cher à se surprendre. Je ne compte pas me spécia­li­ser dans les ques­tions iden­ti­tai­res…

Vous pour­riez faire une comé­die fami­liale sur un jeune quadra ?

Pourquoi pas, j’en suis un ! En tout cas, j’ai fait plusieurs films autour de l’iden­tité relgieuse, alors j’es­saie de ne pas me répé­ter… »

Propos recueillis par Luc Hernan­dez

Plus rien à perdre de Fabrice Eboué. One man show. Vendredi 20 décembre à 20h30 à la Bourse du travail, Lyon 3e.