Il fait partie des rares comiques qui peut nous donner des ordres. Son mal être (de génie) trans­pire telle­ment à chaque seconde que l’im­pé­ra­tif du titre de son dernier spec­tacle, « Aimez-moi  », sonnait autant comme un appel au Il a inspiré Muriel Robin qui a inspiré Florence Foresti. On lui doit à peu près tout de ce qui fait le comique popu­laire français aujourd’­hui : moins de vannes, un art sans pareil pour croquer la vie quoti­dienne et une fine dose d’ob­ser­va­tion sociale pour conver­tir les névroses de ses contem­po­rains en rires. C’est d’ailleurs bien pour ça que Pierre Palmade est aussi un auteur de pièces, et pas seule­ment de one-man-show : son écri­ture a toujours large­ment débordé de la petite confes­sion sur soi-même, contrai­re­ment à nombre de comiques d’aujourd’­hui. En prime, sa silhouette dégin­gan­dée, la détresse de l’homme et sa soli­tude en font, en vieillis­sant, un acteur encore plus émou­vant. Modeste (dans ses sujets), on ne peut plus popu­laire (dans ses approches), c’est ce qui s’ap­pelle un grand monsieur qu’on est prêt à aimer jusqu’au bout. En espé­rant qu’en plus de reprendre un flori­lège de ses sketches cultes pour fêter ses 30 ans de scène, il ait gardé un peu de ceux de son dernier spec­tacle qu’on avait beau­coup aimé. Comme celui d’un homme malade d’amour qui lais­sait des messages sur le répon­deur de chan­teurs pour leur lire leurs chan­sons. Un rendez-vous avec un auteur pareil ne se rate pas : il incarne à lui seul une certaine noblesse de la comé­die, en plus d’être un des grands acteurs comiques à voir au moins une fois dans sa vie sur scène. Bref, le rendez-vous incon­tour­nable du prin­temps. L.H.

Pierre Palmade joue ses sketches. Vendredi 20 et samedi 21 mars à la Comé­die Odéon. De 27,50 € à 33,50 €. come­dieo­deon.com