Il n’y a pas que les gale­ries, les grands hangars ou les musées pour contem­pler l’art contem­po­rain. La nature en fait aussi parfois un formi­dable écrin. C’est le cas dans les montagnes d’Ar­dèche, à l’en­droit où se sépare l’écou­le­ment des eaux en direc­tion de l’At­lan­tique ou de la Médi­ter­ra­née. Au sommet du mont Mézenc (celui d’Alexandre Astier), la diffé­rence se dessine à l’œil nu : d’un côté, le Velay et ses vallons aux courbes tendres ; de l’autre, les reliefs abrupts des Cévennes ardé­choises.

À la croi­sée des fleuves, la ligne invi­sible du « Partage des eaux » s’est muée en ligne artis­tique, obser­vable par tous les temps depuis 2017. Sur plus de 100 kilo­mètres de chemins de randon­née au départ de Saint-Agrève, une collec­tion de sept œuvres à ciel ouvert nous fait oublier le sac à dos et les pieds endo­lo­ris.

Le Partage des Eaux, oeuvre de Felice Varini à Mazan l’Ab­baye.

Coup de cœur pour les bulles dorées de l’ar­tiste suisse Felice Varini, à obser­ver juché sur le belvé­dère qui surplombe l’abbaye de Mazan. Une fois entre ses murs, les traces de l’œuvre changent tota­le­ment de forme et recouvrent les pierres de feuilles d’or. Autre point de vue inso­lite : la grotte de cris­tal du duo HeHe, posée sur les hauteurs de Saint-Laurent-les-Bains-Laval-d’Au­relle, qui dénote avec le paysage de montagnes et de végé­ta­tion.

Direc­te­ment relié à son envi­ron­ne­ment, « ce cris­tal géant surgis­sant de la terre fait écho à la source d’eau chaude qui jaillit en contre­bas », expliquent ses créa­teurs. Un peu plus loin, on se régale d’une façade parée de miroirs, d’une tour à eau en phono­lites ou d’un phare bleu conçu comme un refuge. Une balade pas comme les autres, qui réveille l’ar­tiste en nous. 

A noter qu’en paral­lèle de ce parcours artis­tique, le collec­tif Topla­mak a imaginé un GPS prévu pour nous emme­ner sur les chemins de traverse. Bapti­sée GeoPoe­ticSo­ciety, l’œuvre trans­forme la géolo­ca­li­sa­tion clas­sique en petites histoires, fictions et aven­tures sur les trajets traver­sés. L’oc­ca­sion d’en apprendre davan­tage sur les insectes, les nuages, le mycé­lium ou les loutres… Et de se perdre dans le paysage, sans Waze pour nous rappe­ler à l’ordre.

Le Partage des eaux, parcours artis­tique dans les monts d’Ar­dèche. Depuis Lyon, comp­ter envi­ron 2 h 30 en voiture. Sortir à Loriol puis suivre Privas et le mont Gerbier-de-Jonc.