En février, au moins deux milliards de personnes fêtent le nouvel an asia­tique. C’était l’oc­ca­sion de venir, un peu moins nombreux, dans un nouveau restau­rant chinois nommé l’Abri du dragon. La carte repré­sente prin­ci­pa­le­ment deux régions, Canton et le Sichuan. Il est inutile de lancer une expé­di­tion en compa­gnie des cryp­to­zoo­logues pour décou­vrir où habite le dragon. Évidem­ment il réside dans le Sichuan, région culi­naire bien poivrée et bien pimen­tée. On ne sait pas si M Day et M Kang, les deux chefs se parta­geant les cuisines, ont baissé le voltage de plats dont on eu, ailleurs, des souve­nirs volca­niques. Le poulet crous­tillant sauté aux piments secs Chongqing, annoté par les symboles de deux piments, reste dans le domaine de la puis­sance maîtri­sée, un peu comme quand Dwayne John­son vous fait un hug. Notre voisin de table, dont une simple goutte de Tabasco est suscep­tible de mettre en danger le pronos­tic vital, a réussi à en manger. Heureu­se­ment car ce plat est tout simple­ment formi­dable, vous fait marcher sur les char­bons ardents, sans jamais vous brûler. Les petits morceaux de poulet crous­tillent au milieu de piments rouges séchés et de caca­huètes que l’on pioche avec les doigts et qui apportent de la rondeur mêlée à un dange­reux senti­ment d’ad­dic­tion.

Les cheffes de l’Abri du dragon et leur famille dans leur restau­rant (photos Susie Waroude).

Les oeufs « de cent ans », kézako ?

Autre bonheur céleste, un plat à base de tofu d’œuf de cent ans. Ne deman­dez pas comment on fait, mais il faut savoir que les œufs de cent ans ne datent pas des années 20, mais sont le produit d’une macé­ra­tion en mari­nade. Le plat, froid, se distingue par une incroyable texture soyeuse, et une vraie capa­cité à réchauf­fer grâce à du poivre venant du lieu de rési­dence du dragon. Excel­lents encore, les ravio­lis de porc maison (dispo­nibles en version nature ou sauce pimen­tée) ou le filet de pois­son aux légumes vinai­grés. On a été en revanche un peu indif­fé­rent aux ribs de porc aux prunes (entrée froide). Si on n’a pas pu goûter le plat phare du restau­rant, c’est-à-dire un pigeon laqué, c’est unique­ment pour des raisons physio­lo­giques. Les plats à parta­ger que nous avions estimé conve­nir pour deux (deux entrées froides, deux plats, des ravio­lis en sus pour le fun) sont telle­ment déme­su­rés que nous sommes repar­tis avec des doggy bag (sac à toutou en manda­rin), capables de nour­rir une famille. Avec cela, on préco­nise du thé vert, une infu­sion aux chry­san­thèmes ou une bière Tsing Tao, même si mâcon blanc, pastis, san pelle­grino, alcool de prune, 汾酒 et 江小白 sont dispo­nibles sur une carte aux bras larges, mais qui ne joue pas à l’ava­lanche de plats.

L’Abri du Dragon, 3 rue Bugeaud, Lyon 6e. 09 85 24 98 80. Fermé dimanche soir et lundi midi. Plats midi (voir le semai­nier du restau­rant) : 10, 80 euros. Plats entre 10, 80 euros (riz sauté aux crevettes) et 29, 90 euros (bar entier grillé à la sauce aigre douce).