Cela commen­ce­rait à sentir l’Eh­pad. Il n’en est rien. Il y a des établis­se­ments drainent une clien­tèle assez mélan­gée et très urbaine, loin des auto­cars du troi­sième âge. Croû­ton ne ressemble pas du tout au côté rassis, confiné dans le passé qu’il évoque. C’est la nouvelle géné­ra­tion des bistroquets de quar­tier, celle qui réflé­chit sur ses produits, sa cave, et percute aux four­neaux. La cuisine contem­po­raine de Danaé Gate­nio voyage dans une mytho­lo­gie culi­naire médi­ter­ra­néenne ; le Meltem souffle dans plusieurs de ses plats.

C’est un rappel de ses origines grecques, sans aller jusqu’au barbe­cue de mino­taure et aux sirènes farcies. Au détour des menus du déjeu­ner on peut rencon­trer de la spana­ko­pita, une tourte aux épinards et à la feta qu’elle enflamme avec une huile pimen­tée. Les beignets de cour­gettes s’ac­com­pagnent de tzat­ziki (yaourt, concombre, herbe) et récem­ment on servait de la salade crétoise : tomates, olives, câpres, feta, marjo­laine, émietté de pain complet (croû­tons…). On aurait pu aussi tomber sur du porto­ka­lo­pita, un gâteau à l’orange moel­leux, siru­peux, et d’une densité à se clas­ser dans la cour des bakla­vas et de l’ancre de marine. Mais ces réfé­rences aux origines sont anec­do­tiques, entre le clin d’œil et le coup de coude. l’Ita­lie et l’Es­pagne sont aussi souvent conviées, pour être égale­ment remou­li­nées par la maison.

Croû­ton, le nouveau bistrot qui ne risque pas de s’en­croû­ter

Ainsi la fois dernière, on a applaudi la justesse de cuis­son et l’as­sai­son­ne­ment des tagliata de bœuf (tendres) : de la côte coupée un peu comme des tata­kis, sauf qu’on est en Italie. Petite salade de roquette , tomates cerises, bon parme­san en géné­reuses lamel­les… C’est aussi simple que terri­ble­ment réussi. Comme l’ assiette de riga­toni (des pâtes en forme de gros tuyau au pesto tomates cerises et pignon de pin), quasi rustique, mais qui sonne juste.

On n’est pas spécia­le­ment adepte du sucré/salé ni des tartines (avis de tempête de bruschetta sur la ville), sauf pour cette tartine de chèvre aux herbes et pêche cara­mé­li­sée et ce gaspa­cho de pastèque et de tomate (crème de feta) de nom de Zeus. La cheffe a le don des équi­libres cosmiques et peut se permettre des collu­sions entre concombre, menthe, ricotta et fraise (en gaspa­cho ou carpac­cio) ou bien tomates cerises et cerises (en salade). Bref, c’est simple, frais, malin, convi­vial. On revien­dra le soir pour des ribs à parta­ger, des aran­ci­nis et des fregola sardes à la crème de petits pois.

Croû­ton. 131 rue Sébas­tien Gryphe. Lyon 7e. 04 51 23 23 00. Fermé dimanche et lundi. Formule (midi) : 18 euros. Menu (midi) : 23 euros. A la carte du soir : aran­cini épinards : 7 euros. Saumon grav­lax : 17 euros, short ribs (pour 2 ou 3) : 38 euros, Paris Brest « summer edition » : 7, 50 euros.