Malgré ce nom qui sonne bien la France, Saxi­frage est le tout nouveau restau­rant d’une Japo­naise. Pour mémoire les saxi­frages forment une famille de jolies plantes de rocaille, comes­tibles. On ne sait pas si la cheffe Yumika Tokita en utilise. En tout cas, son projet, réussi, est de créer une fusion entre cuisine japo­naise et cuisine française. A vrai dire, on a plutôt ressenti une infu­sion japo­naise réma­nente dans tous les plats, même s’il y a des éléments surprise. Ainsi, dans le menu déjeu­ner, , se cachait un drôle d’in­trus. En effet, le lieu jaune en sugges­tion du jour – outre une déli­cieuse sauce dont on n’est pas arrivé à défi­nir les ingré­dients, on peut juste avan­cer qu’il y avait du soja – était accom­pa­gné de crozets ! Eh oui, des crozets, les voisins de cham­brée des tarti­flettes. Si vous ne voyez pas leur tête : les crozets savoyards se présentent comme de toutes petites pâtes carrées. Ils sont aux taglia­telles ce que les confet­tis sont aux langues de belle-mère. Des puces. Toujours est-il que le résul­tat, sauce légè­re­ment sucrée salée et crozets en sevrage de fromage, fonc­tionne. D’au­tant que lieu jaune (rare en plat du jour) béné­fi­ciait d’une cuis­son milli­mé­trée, agréée par le service des poids et mesures. Vous savez, quand la chair nacrée se sépare en pétales, comme chez le cabillaud… Un bon contraste avec la pâte rustique piolet et sac à dos. C’est là qu’il faut dévoi­ler le pot aux roses.

Le secrets de Yumika Tokita, cheffe d’An­necy

Yumika Tokita a travaillé pendant 18 ans à… Annecy. Mais non, l’oni­giri grillé de l’en­trée (une boule de riz à sushi), bœuf teriyaki (mariné au soja, gingembre, vinaigre de riz etc.) ne s’était pas baigné dans un bouillon de génépi, mais dans une crème de radis du meilleur effet vert Hulk, avec cette légère amer­tume qui compense de petites notes sucrées salées. On n’a pas déter­miné toutes les ingré­dients, mais les mini-pousses dissé­mi­nées au bord de la route étaient peut être des plan­tules de radis rose de Chine. On n’est pas toujours accom­pa­gné d’un bota­niste. Le crous­tillant aux cham­pi­gnons confits (on penche pour des shii­ta­kés, mais faute de myco­logue sous la main…), œuf parfait recou­vert de chips chinoises, effet hosties shin­toïstes, et d’une mousse neigeuse à base de soja, avait ce petit chic – plat nœud papillon – qu’on retrouve chez les étoi­lés. Confit de porc et patates douces, choux poin­tus : une bonne liai­son crapu­leuse entre légè­reté végé­tale et profon­deur la version upgra­dée, mais toujours plus kimono que pyjama.

Saxi­frage. 129 rue de Sèze, Lyon 6e. 06 27 72 62 89. Fermé mercredi et dimanche. Formule : 19,50 euros (midi) Menus : 24, 70 euros (midi) et 35 euros (soir : en 4 services).