Si le trip­tyque entrée/plat/dessert reste soli­de­ment ancré à l’heure du déjeu­ner, un vaste mouve­ment de fond le pulvé­rise façon puzzle au moment du dîner. Le tout nouveau Art restau­rant obéit à ces nouvelles règles, ou plutôt à l’ab­sence de règles. Tout d’abord le restau­rant, équipé d’un comp­toir aux bras grands ouverts, propose une carte de cock­tails suffi­sante pour augu­rer de débuts de soirée plus liquides que solides. Outre les indis­pen­sables mojito, caïpi­rinha et pina colada, on peut tester quelques créa­tions comme le Letchia à base de gin, litchi, Saint-Germain et blanc d’œuf. Ce que nous n’avons pas fait dans la mesure où nous avions réservé pour 12h30, ce qui socia­le­ment parlant est un peu tôt pour attaquer des bois­sons très alcoo­li­sées. Même le bloody Mary, un rituel britan­nique clas­sique du brunch domi­ni­cal (très fréquenté), est rare­ment demandé. Le thé matcha, les avocado toast la diété­tique sont passés par là.

Palette de plats en carte du soir

Ensuite la carte du soir, à tendances gastro­no­miques, propose une palette de plats, des Saint-Jacques/ beurre de corail, à la canette /pied de mouton (le cham­pi­gnon, pas la patte de l’ovin) incite au partage dans le désordre, plutôt qu’à l’or­don­nan­ce­ment clas­sique. C’est le moment de citer la présence rare d’un bœuf Welling­ton, une spécia­lité de filet de bœuf en croûte piquée au réper­toire français par les Anglais, en hommage perfide au duc de Welling­ton, vainqueur de Water­loo. Ce sera pour une prochaine visite. Rappe­lons-le, nous étions là à l’heure du déjeu­ner. Ce type ne sert à rien, direz vous. Mais si, il est aussi utile d’ap­pré­cier un établis­se­ment par le petit bout de la lorgnette. Comme par exemple ce joli verre de char­don­nay (ici on parle beau­coup en cépages, à l’Amé­ri­caine) qui précé­dait une patate douce rôtie, courge et gorgon­zola, très travaillée (graine de courges, graines de moutarde maison, cébettes) dans une élégante assiette. On a été un peu moins convaincu par le carpac­cio de bœuf à l’asia­tique qu’on jugeait envahi par un goût de fumée, alors que le chef ne planque pas de barbe­cue honteux dans les cuisines. En revanche, on a parti­cu­liè­re­ment appré­cié l’in­tro­duc­tion de café dans le poulet/patate douces et l’heu­reuse présence de caca­huètes dans le steak de thon/chou rouge. Les asso­ciés, issus de Bourges, mais avec un parcours inter­na­tio­nal (Alexandre, Ronan et Thibaut : A.R.T) font preuve à la fois d’ima­gi­na­tion et d’équi­libre, cuisinent word­wilde et produits locaux, esthé­tisent sans manié­risme moder­ni­sant. Encore une belle adresse à Ainay, un quar­tier qui bou®ge.

Art restau­rant. 3 rue Sala, Lyon 2e. 06 74 86 46 81. Fermé dimanche soir, lundi midi et mardi .Formule : 21 euros (midi). Menu : 26 euros (midi). Carte du soir : comp­ter entre 35 et 50 euros. Verre de char­don­nay (Bour­gogne) : 5 euros. Brunch : 25 euros.