Le restau­rant à thème a géné­ra­le­ment les défauts de ses ambi­tions. A force de se mono­po­li­ser sur un produit, on peut finir par tour­ner en rond. Avec Copain comme canard, ce n’est pas le cas. Hugues Chazottes, fonda­teur des cafés Goneo, n’est pas seule­ment tombé dans la caféine. Il est aussi neveu des fonda­teurs de la maison Argaud dans le Béarn, qui eux sont tombés dans le canard. Il prouve que la mono­ma­nie néces­sai­re­ment syno­nyme d’en­nui. Le canard est partout, distri­bué de façon diverse, jusque sur les murs peints en bleu canard !

Le menu du jour ne provoque pas de dérè­gle­ment céré­bral pour les indé­cis, parta­gés comme toujours entre la hantise de devoir renon­cer à toutes les oppor­tu­ni­tés et la fuite des respon­sa­bi­li­tés. On a le choix entre un demi-magret de canard ou bien un demi-magret de canard. Et on ne vous demande pas de choi­sir le côté droit ou le côté gauche. Seule la sélec­tion de la sauce peut provoquer une confu­sion mentale : miel/roma­rin ou guji/sara­wak. On a choisi la seconde option, pour le clin d’oeil caféiné. Cette sauce au poivre (sara­wak) et au café (guji, typé expresso bien serré) s’al­lie avec bonheur aux saveurs sanguines et puis­santes du magret bien grillé sur la peau et à la chair rosée.

Pâté en croûte, foie gras et demi-magret de canard cuit au cordeau

Comme on l’évoquait plus haut la carte propose un véri­table terrain de jeu. Les cœurs du vola­tile, flam­bés à l’ar­ma­gnac sont servis en persillade. Là encore la cuis­son est au cordeau. On a pour notre part déjà vécu l’aven­ture de cœurs qui ressem­blaient plus à des boules de chewing-gum qu’à un joli abat. Le pâté croûte, long comme une tranche de pain de campagne, élégante plaque de marbre alter­nant magret, foie gras, figues et trom­pettes de la mort a du carac­tère.

On est censé éven­tuel­le­ment le parta­ger comme les autres plats, mais la vie est cruelle : on l’a fini en solo. Les cromesquis, à base d’ef­fi­lo­ché de cuisse et de cou confit avec un peu de foie gras (tant qu’il en a, il faut en profi­ter), sont une réus­site de boules crous­tillantes. Numéro 1 sur notre liste des courses. Avant de foncer comme un renard sur la focac­cia basque (brebis Osso Iraty, magret séché), le burger, les tata­kis, la salade « lyon­naise » tota­le­ment à l’Ouest (gésier, magret séché), il faut savoir que les frites fraîches sont parti­cu­liè­re­ment réus­sies (le bol de légumes est pas mal non plus, mais bon… les frites!). Même les desserts, garan­tis sans canard, sont au niveau. Simple, malin, bien fait, quadru­plé d’un bon accueil… Trem­pez votre sucre dans l’ex­cellent café (Goneo évidem­ment) sorti d’une Aston Martin du perco­la­teur et voilà un autre bon canard.

Copain comme canard. 22 rue de la Part-Dieu, Lyon 3e. 04 78 38 24 74. Fermé dimanche et lundi. Formule canard express : 19 euros. Confit : 17 euros. Cromesquis : 12 euros. Frites : 5 euros. Cœurs : 11 euros. Bar à foie gras : entre 17 (nature) et 33 euros (truffé). Gâteau basque : 6 euros.