Le quar­tier des Brot­teaux est un pôle d’at­trac­ti­vité – comme on dit sur BFM busi­ness – en terme de restau­ra­tion. Et c’est souvent pour le meilleur. Bianca, très agréable restau­rant italien au design chic, vient de chan­ger de peau pour se trans­for­mer en Décalé. Ne vous atten­dez pas à une cuisine de rupture, un tsunami créa­tif, on reste dans le clas­sique contem­po­rain, bien coiffé, jean repassé. Le patron, Emma­nuel Faucon n’est pas un punk (ni un rapace). Il est égale­ment à la tête de la Bras­se­rie des Brot­teaux conti­guë, un des plus beaux établis­se­ment de la ville, rare vestige d’Art Nouveau créé en 1913. Disons qu’il faut envi­sa­ger que ce nom bizarre, n’est pas un « houlala, je vais me faire peur en tombant dans l’un­der­ground », mais plutôt que le restau­rant est un peu décalé de quelques mètres par rapport au monu­ment prin­ci­pal qu’est la bras­se­rie des Brot­teaux.

Des oeufs mimo­sas bien arro­sés…

Oeufs mimosa et canard à l’orange

La déco, élégante, chaleu­reuse, ne dépare pas par rapport à l’an­cienne. On y est bien, et la carte de bras­se­rie inspire une bonne aven­ture confor­table. Crash test réussi pour les œufs mimosa, accom­pa­gnés d’un peu de sucrine bien craquante (c’est le propre de cette salade ; une sucrine molle est une sucrine morte). Le chef sait faire de la mayon­naise, ni trop épaisse ni trop liquide, nappante et de carac­tère. Les frites sont maison, aussi, et le riz au lait façon « ouiiiii » (c’est écrit comme cela sur la carte) mérite son inti­tulé excla­ma­toire.

Les grains de riz ont la bonne texture, gonflés façon risotto. C’est très crémeux, il y a des pommes confites et du cara­mel, du sucre, un peu beau­coup. Un dessert pour enfants… et alors ! Le pré-ado qui est en nous a évidem­ment pris de la quiche au roque­fort, onctueuse, impec­cable. Le pavé de thon mi-cuit, exer­cice à risque qui peut vite se termi­ner en éponge, avait la bonne texture. Le canard à l’orange, réus­sis­sait l’équi­libre entre tempé­ra­ment sanguin et agrume.

Le wok de légumes, qui accom­pa­gnait les deux plats (dommage : c’est un parti pris un peu flem­masse),pour­tant plétho­rique (mini épis de mais, carottes de toutes les couleurs, pousse de soja,cébettes, pousses de bambou en julienne, sommi­tés de chou roma­nesco, coriandre, graines de shia et de sésame etc.) était un peu trop linéaire, en conduite auto­ma­tique, comme chez les trai­teurs. Il y a bien sûr des noix de Saint-Jacques, du poulpe, de la poitrine de cochon confite, du pois­son en carpac­cio, la nouvelle norme, deve­nue clas­sique, des bras­se­ries contem­po­raines (pas de chou­croute ni de sole meunière, ni de lyon­nai­se­ries). Très bon choix pour un déjeu­ner de boulot : la carte est fédé­ra­trice, il y a même un plat « veggie » du jour.

Restau­rant Décalé. 1 place Jules-Ferry, Lyon 6e. 04 78 41 68 10. Fermé samedi et dimanche. Midi : formule 22 €, menu complet 26 €. A la carte : bulots mayon­naise (10 €), poulpe grillé (22 €), bavette d’aloyau écha­lotes confites (22 €), riz au lait (7, 80 €). Vins au verre autour de 8 €. Photo : Susie Waroude.