A l’heure du « thaï style » inter­na­tio­nal qui enva­hit tout, du poulet au burger, mieux vaut retrou­ver la véri­table cuisine thaï de Chon­ti­cha et Noï, épicée ou pas, qui vous accueillent chez Thaï Thaï, leur nouvelle adresse à Lyon 7e.

La cuisine thaï­lan­daise est victime de son succès. Sans être assas­si­née, elle est souvent réduite à son fantôme. On ne compte plus les tartares à la thaï, le poulet façon thaï, jusqu’au burger exotisé … Une sorte de « thaï style » inter­na­tio­nal qui s’éloigne de plus en plus de la réalité, subis­sant le même sort que les ceviches approxi­ma­tifs et les succé­da­nés de risot­tos à même de provoquer un Brexi­ta­lie. « N’ou­blions pas que ce n’est pas le nombre et la longueur de ses branches, mais la profon­deur et la santé de ses racines qui font la vigueur d’un arbre », disait le philo­sophe Gustave Thibon, qui n’a aucun rapport avec la Thaï­lande mais permet de donner une caution intel­lec­tuelle à cet article.

Le goût thaï authen­tique d’une cuisine fami­liale

Thaï thaï remet les fuseaux horaires à l’heure et l’église, pardon le temple, au milieu du village. Ce nouveau petit restau­rant, discret, à la déco mini­male, retrouve les goûts authen­tiques de la cuisine fami­liale et des restos de rue, grâce à Chon­ti­cha (au service) et Noï (en cuisine). On lais­sera de côté les nems (vermi­celles et légumes) et la sauce aigre douce (la orange qui semble être passée dans un réac­teur nucléaire), sans inté­rêt parti­cu­lier. En entrée, si on peut parler d’en­trées alors que l’es­prit est plutôt aux plats à parta­ger, on préfé­rera les brochettes de poulet à la sauce caca­huète. À la fois fondantes et grillées en surface, elles ont tendance à faire dispa­raître toute forme de cour­toi­sie qui consis­te­rait à en lais­ser pour les autres.

Pimenté ou pas pimenté

La suite se heurte à un vrai-faux dilemme : pimenté ou pas pimenté ?! La salade de bœuf, la salade de vermi­celles au poulet et écha­lotes frites, les currys verts , la soupe aux crevettes et à la citron­nelle (la fabu­leuse tom yam kung) sont signa­lés par un piment rouge. D’au­cuns chocottent de se faire carbo­ni­ser la langue par le feu du dragon, et choi­sissent le poulet sauté à la sauce huître, sans danger. Seule­ment, il faut savoir que Chon­ti­cha et Noï appuient volon­tai­re­ment sur le frein pour ména­ger les palais occi­den­taux.

On incite toute­fois à choi­sir la dose authen­tique, élément fonda­men­tal pour l’équi­libre d’un feu d’ar­ti­fice du 14 juillet de légumes en petits cubes et d’herbes (basi­lic, galan­gal, basi­lic thaï, écha­lote etc), même si Chon­ti­cha hausse un sour­cil en préve­nant « vous êtes sûr ? ». On ne fait que danser au bord du volcan, on ne tombe jamais dans la lave en fusion. Le riz gluant, les desserts au lait de coco (aussi simples que déli­cieux), la bière Singha se chargent de la contre­par­tie apai­sante. La féli­cité d’un vrai voyage au Siam sans le bilan carbone.

Thaï Thaï. 10 rue de Bonald, Lyon 7e. 06 58 41 48 43. Fermé mercredi et dimanche. Menu déjeu­ner : 18 €. Plats entre 8 € (végé­ta­rien) et 15 €. Riz gluant à la banane et au lait de coco : 5 €. Photo : Susie Waroude / Exit Mag.