Ne cher­chez pas d’ex­pli­ca­tion ortho­gra­phique au « Cobalte » de la nouvelle « Maison Cobalte« . Ce n’est ni une reven­di­ca­tion genrée ni une preuve supplé­men­taire de déclin du système éduca­tif français. Plutôt un choix esthé­tique qui corres­pond à quelques éléments bleus du décor de ce nouveau croix-rous­sien des Pentes. Il y a quelques temps, sur ce flanc de l’église Saint-Poly­carpe, ancienne cure où l’abbé Rozier serait mort tranquille­ment dans son lit, écrasé par un boulet de canon (*), se tenait encore le café Placid, que l’on regret­tera. Mais on ne perd pas au change avec Cobalte, qui d’ailleurs percole toujours les cafés de Placid, avant tout torré­fac­teur lyon­nais.

La fine équipe de la Maison Cobalte.

Bette­rave Chiogga et oeuf mollet sur coulis d’épi­nard

On les trouve aussi à dispo­si­tion au coin épice­rie. Car si la Maison Cobalte est – de base -un restau­rant, il est aussi de nombreuses choses. D’abord, passons à table. Le menu change chaque semaine. Comme nous étions à quelques jours de l’ou­ver­ture, et ne dispo­sant pas de DeLo­rean, nous n’avons pas pu explo­rer le velouté d’as­perge à la chan­tilly de Saint-Marcel­lin et le tataki de thon qui n’al­laient appa­raître que la semaine suivante. Valen­tin en cuisine et Méla­nie au service, propo­saient en entrée un tube de saumon fumé fourré de crème de fromage blanc semé de copeaux de bette­rave Chiogga (celle aux cercles roses du meilleur effet psyché­dé­lique).

C’est à la fois simple, bon, très bien assai­sonné et très bien présenté, comme l’oeuf mollet sur coulis d’épi­nard. Les pickles de carottes jaunes, les noix torré­fiées, les lamelles de radis apportent ce petit supplé­ment de faste qui fait tout le reste. On a pu consta­ter récem­ment qu’un peu de décor bien agencé ajoute au spec­tacle. Le Prince Charles débar­rassé de sa tiare et du manteau de sa mère aurait eu moins de gueule. Pour ce qui est de la gueule, le suprême de volaille ( traduire par blanc de poulet) aux cham­pi­gnons et pommes de terres « smashées » (style coup de poing dans la tronche) avait du goût. C’est joli, mais il y a aussi du produit.

Maison Cobalte et coffee shop l’après-midi

Une carte des four­nis­seurs démontre l’es­sence essen­tiel­le­ment locale. On vient aussi pour la mue en coffee shop de l’après-midi (un tira­misu au citron et sésame à rendre dingue les amateurs de lemon curd). les buns garnis de l’af­ter work, les expos (actuel­le­ment Bleg, influence probable Keith Haring), le coin biblio­thèque, un agenda choisi des spec­tacles, le brunch du samedi, un espace créa­tif où l’on peut créer ses propres cartes postales. Bref, un bon déjeu­ner dans un concept global à entrées multiples.

La Maison Cobalte. 23 rue René Leynaud, Lyon 1er. Ouvert du mardi au samedi de 11h30 à 20h30 (sauf samedi jusqu’à 22h). 04 78 31 82 55. Formule : 16 €. Menu : 21 €. Brunch : 27 €. Cookie : 3 €. Patis­se­rie : 4,5 €. Bun : 6 €.

(*) en 1793, lors du siège de Lyon par des contin­gents de l’Ar­mée des Alpes levée par la Conven­tion giron­dine. Autant dire que les Lyon­nais ne sont pas revan­chards, puisqu’ils partent toujours au ski.