Voilà un endroit inté­res­sant qui n’at­tend pas que les choses arrivent toutes crues d’en haut. Pour ce qui relève spéci­fique­ment de cette rubrique, Rita plage propose au quoti­dien un double buffet. Un versant froid, les entrées, et un versant chaud qui pour­rait s’ap­pa­ren­ter aux plats du jour. En réalité on fait comme on veut. Le buffet offre le vertige de la liberté à ceux qui ont des diffi­cul­tés à faire des choix dans la vie. Le buffet est une sorte de Yi-king comes­tible ; le repas consi­déré comme une cosmo­lo­gie. Bref, plutôt que de réflé­chir, nous avons abso­lu­ment tout goûté. Avant de s’ar­mer d’une four­chette, il est néces­saire de poser le contexte. Entre l’adret et l’ubac du buffet, il y a tout un univers. Rita plage est plus qu’un bar restau­rant : c’est un lieu multiple, café cultu­rel mili­tant, qui se défi­nit comme fémi­niste et LGBTQI+ friendly et certai­ne­ment pas abonné à Valeurs actuelles.

LGBTQI+ et concerts « non mixes » pour rehaus­ser l’oeuf mimosa

Il y a des concerts en « non mixité » réservé aux meufs (la scène, pas le public), des vide-greniers, prétextes à la rencontre entre diffé­rents milieux sociaux, des ateliers tricot rigo­los, et des solu­tions contre l’in­fla­tion avec une poli­tique de prix élas­tique (mais pas tendue comme l’En­fer du capi­ta­lisme : les cafés sont à 1 euro). Inutile de préci­ser que les plats sont végé­ta­riens ou même véganes, la partie animale étant incarné, ce jour là, par le coeur (à l’ou­vrage) de Léa et Anou­chka en cuisine et Joce­lin au bar (l’équipe, nombreuse, tourne).

On y retrouve ce goût essen­tiel de la cuisine fami­liale réus­sie : l’hou­mous de pois chiches (légè­re­ment pimenté), la tarte à l’ail confit, les carottes à la coriandre et au sésame, le taboulé de choux-fleurs au citron confit ne tiennent pas molle­ment les murs en atten­dant que ça se passe. Il y a du goût, du légume et de la céréale exalté.e.s, que l’on peut même agré­men­ter en DIY avec de la levure de bière, des corni­chons, des olives…

Si l’on a regretté que l’oeuf mimosa soit en défi­cit de moutarde (mais la recette de la star du lieu change chaque jour), on a adoré le tour de magie des « rillettes » de tour­ne­sol qui arrivent à déve­lop­per un arrière-goût de cham­pi­gnon de Paris, sans cham­pi­gnon. Une recette alle­mande, prou­vant que cette nation n’est pas seule­ment forte en machines-outils et en saucisses. Côté chaud, les lasagnes de cour­gettes toma­tées, de même que les auber­gines au vinaigre balsa­mique sont confites au meilleur de l’im­plo­sif. Il y a une terrasse qui tient lieu de plage. Pourquoi « plage » ? Parce qu’on ne voit pas pour quelle raison Villeur­banne n’au­rait pas une plage.

Rita plage, 68 cours Tolstoï à Villeur­banne. 04 72 41 33 29. Ouvert du lundi au vendredi midi pour les buffets (à volonté) : 8 euros (prix soli­daire), 12 euros (prix clas­sique), 16 euros (prix soutien anti-infla­tion, et c’est encore donné). Desserts : 2,50 euros (super crème choco­lat/gingembre) Dimanche : brunch à 18 euros (prix médian) ou 20 euros (prix soli­daire). Pas de CB, mais gonettes accep­tées. Photos : Maxence Gruss.