Théâtre poli­tique. C’était le spec­tacle d’ou­ver­ture du festi­val d’Avi­gnon, avec un rôle de patriarche créé sur mesure pour Jacques Weber qui n’avait jamais joué dans le Cour d’hon­neur. On ne sait pas comment le grand plateau au mobi­lier blanc étalé sur des dizaines de mètres à Avignon atter­rira en minia­ture sur la petite scène des Céles­tins, mais cette Archi­tec­ture avec parmi les plus grands acteurs du théâtre d’aujourd’­hui, ne manque pas de panache. Pour son nouveau texte, Pascal Rambert reprend à peu près le théâtre là où Thomas Bern­hard l’avait laissé : dans le déchi­re­ment d’une famille vien­noise au début du XXe siècle autour de la guerre entre un fils homo­sexuel et son archi­tecte de patriarche. Longs mono­logues rageurs, irrup­tion de la folie, évoca­tion des arts comme la musique à travers le person­nage de compo­si­teur de Denis Poda­ly­dès, ce jeu de massacre fami­lial à longues gorgées de logor­rhées rappelle la Place des héros de Krys­tian Lupa, notam­ment lors de la grande scène de repas. Rien de nouveau sous le soleil noir des relents natio­na­listes donc, mais Laurent Poitre­naux est extra­or­di­naire en jour­na­liste de Valeurs actuelles empê­tré dans une morale inte­nable, même si les rôles fémi­nins restent un peu trop en-deçà. Car malgré quelques morceaux de bravoure, le spec­tacle verse malheu­reu­se­ment trop rapi­de­ment dans les formules poli­tiques à la petite semaine, enfonçant toutes les portes ouvertes des sujets socié­taux d’aujourd’­hui (mariage gay, natio­na­lisme, avor­te­ment, on en passe), jusqu’à l’ab­sur­dité : “oui, nous n’avons rien en commun mais nous avons tout en commun” (sic). A force de s’en­fon­cer un peu trop dans “ le royaume du langage”, Pascal Rambert finit par s’écou­ter un peu trop écrire, reven­diquant telle­ment de vouloir parler de tous les problèmes poli­tiques d’aujourd’­hui qu’il finit par n’en rien dire. Reste le plai­sir d’ac­teurs, qui n’est pas mince, la musique de Stanis­las Nordey ouvrant le spec­tacle étant la seule à surna­ger ce babillage poli­tique volu­bile et assez vain. A voir selon votre amour des acteurs, donc. L.H.

Archi­tec­ture de Pascal Rambert avec Stanis­las Nordey, Jacques Weber, Emma­nuelle Béart, Audrey Bonnet, Denis Poda­ly­dès…

Du mardi 7 au vendredi 10 janvier à 19h (ven 20h30) à Bonlieu, scène natio­nale d’An­necy. De 10 à 29 €. bonlieu-annecy.com

Du mercredi 15 au vendredi 17 janvier à 20h à la Comé­die de Cler­mont-Ferrand, maison de la culture. De 14 à 30 €. laco­me­die­de­cler­mont.com

Du mercredi 12 au mardi 18 février à 20h (dim 16h) au théâtre des Céles­tins, grande salle, Lyon 2e. De 9 à 40 €. thea­tre­des­ce­les­tins.com