Il y a le flux inin­ter­rompu du JT et les mots qui finissent par ne plus vouloir rien dire à force d’être répé­tés en boucle sur toutes les chaînes : crise, chômage, préca­rité, RSA… Et puis il y a ceux qui vont tâter sur place la réalité de ces mots. Dans Le Quai de Ouis­tre­ham, la jour­na­liste Florence Aube­nas partait s’ins­tal­ler à Caen pour cher­cher un emploi, décla­rant à 50 ans n’avoir presque jamais travaillé. Autant essayer de traver­ser l’At­lan­tique à la rame en soli­tai­re…

S’ins­cri­vant dans la lignée d’un théâtre de société, Louise Vignaud adapte cette enquête pour les planches sous la forme d’un seul en scène aussi drôle que boule­ver­sant, abor­dant la préca­rité du côté de l’in­time.

Spec­tacle de poche

Avec pour seuls acces­soires une chaise, un tableau de confé­rence et des feutres de couleur, Magali Bonat fait formi­da­ble­ment vivre la narra­trice et tous les person­nages dont elle croise la route, grâce à sa science physique du jeu. On avait pu voir ce spec­tacle de poche à ses débuts dans l’in­ti­mité des Clochards Célestes, que dirige Louise Vignaud.

On ne sait pas ce que cette nudité et cette fron­ta­lité donne­ront sur la grande scène du Théâtre de la Croix-Rousse. Mais c’est juste­ment la simpli­cité de la mise en scène, lais­sant toute la place au texte d’Au­be­nas et au jeu de Magali Bonat, qui fait la force de cette petite pièce d’une heure dont on n’a qu’une envie : qu’elle se prolonge encore un peu.

Le Quai de Ouis­tre­ham, de Florence Aube­nas, mise en scène de Louise Vignaud, avec Magali Bonat. Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon 4e. Du mardi 6 au samedi 10 octobre à 20h (samedi 19 h 30). De 5 à 27 €. croix-rousse.com