« Dans un monde entiè­re­ment vertueux, je te conseille­rai la vertu […] dans un monde tota­le­ment corrompu, je ne te conseille­rai jamais que le vice. Celui qui ne suit pas la route des autres périt inévi­ta­ble­ment. » Voilà ce qui est conseillé à Justine, jeune femme pieuse dont le but est de vivre une exis­tence au nom des prin­cipes reli­gieux. Pendant des années, elle évolue pour­tant dans une société où règne le vice et où la vertu n’est jamais récom­pen­sée. La compa­gnie Vivre comme ça c’est mourir d’amour s’at­tèle au monu­ment encore aujourd’­hui sulfu­reux de la litté­ra­ture clas­sique qu’est Sade.

Comé­die sexuelle

L’écri­ture sophis­tiquée du XVIIIe siècle confère un certain raffi­ne­ment à une morale joyeu­se­ment anti-confor­miste : quoi qu’il en soit, le mal triomphe toujours. Pour prendre le contre-parti de l’image perni­cieuse qui colle à cette œuvre, Judi­caël Jermer fait le pari d’une mise en scène humo­ris­tique. Une propo­si­tion auda­cieuse qui fonc­tionne dès lors que l’on est disposé à rece­voir l’in­no­cence exagé­rée de Justine, à rire d’un méde­cin sans scru­pule ou d’une marâtre aux cuis­sardes en cuir. Sans décor, dans une lumière rose et en présence de comé­diens unique­ment mascu­lins, les péri­pé­ties de Justine se succèdent. On crie, on court, on feint la violence et le grave­leux, et l’on n’ou­blie jamais le second degré.

Justine, bukkake philo­so­phique, d’après le Marquis de Sade. Adap­ta­tion et mise en scène Judi­caël Jermer. Du mardi 9 au vendredi 12 novembre à 19h30 au https://lely­see.com/théâtre de l’Ely­sée, Lyon 7e. Tarif au choix de 10 à 14 €