Si on était au cinéma, la nouvelle pièce de François Hien serait précé­dée de l’ha­bi­tuel sur-titre “D’après une histoire vraie”. En tant que Lyon­nais, impos­sible de ne pas voir le clin d’œil fait au procès Barba­rin et à l’af­faire Prey­nat, dont La Peur s’ins­pire, tout en prenant ses distances. Mettant en scène un évêque ayant couvert les agis­se­ments pédo­philes d’un prêtre, la pièce embrasse les polé­miques de l’Eglise les plus inflam­mables du moment: pédo­phi­lie, céli­bat des prêtres, homo­sexua­li­té… Tout en donnant la place au père Guérin, qui a dénoncé le silence du diocèse avant de se rétrac­ter… Comme à son habi­tude, François Hien livre une pièce ultra-docu­men­tée en forme de dialec­tique entre mensonge et vérité, dans une mise en scène toujours aussi sobre et effi­cace. Les comé­diens restent au plateau, le passé ressur­git en une parole et Arthur Four­cade, présent dans chaque scène, est formi­dable en prêtre en proie au doute. Malgré le dilemme moral du père Guérin, cette créa­tion n’ou­blie pas la chair en racon­tant une histoire d’amour inter­dite et en se permet­tant même quelques pointes d’hu­mour bien­ve­nues. Tant mieux.

La Peur, de François Hien, mise en scène Arthur Four­cade. jusqu’au dimanche 5 décembre à 20h30 (dim 16h30) aux Céles­tins, Lyon 2e. De 9 à 26€. (photo Bertrand Stofleth). Jeudi 6 janvier à 20h30 au théâtre La Mouche à Saint-Genis Laval. De 9 à 16 €.