La joie, c’est tout un art. Pour la danse, José Montalvo (qui a travaillé pendant 30 ans avec Domi­nique Hervieu à travers la compa­gnie Montalvo-Hervieu), en est clai­re­ment un des maîtres. Son dernier spec­tacle, Gloria, en est le plus bel exemple. Chacun des 16 danseuses et danseurs prend le micro pour racon­ter son histoire en quelques secondes, avant que tout le monde ne danse. Personne n’était fait pour danser : trop « gros » pour le flamenco, blessé au coude ou poitrine trop opulen­te… Gloria fait sa fête à la diver­sité – très à la mode aujourd’­hui – mais celle que pratique Jose Montalvo, parti de rien, depuis plus de 30 ans. La fierté de surmon­ter son handi­cap, ses origines, sa famille, ou, sur du Jean-Sébas­tien Bach, la joie d’une danseuse d’ex­hi­ber la poitrine opulente qui lui valu de rater un casting, et les plus galbes mascu­lins d’ébènes préfèrent danser en robe, avec la légè­reté d’une Mari­lyn traves­tie.

Gloria de José Montalvo (photos : Patrick Berger).

Tous les nombrils du monde

1h10 de jubi­la­tion colo­rée qui file à tout allure dès la première minute, mais se permet aussi une intros­pec­tion hip hop sur un prélude de Bach ou des tableaux de comé­die musi­cale grou­pés, jusqu’à la célé­bra­tion des éléphants et autre animaux en voie de dispa­ri­tion dans un finale en vidéo. Car Jose Montalvo est bien un maître qui ne se contente pas d’agi­ter de l’éner­gie sur une scène. Formé aux arts plas­tiques et à l’art du collage de Max Ernst ou Pica­bia, il compose de véri­tables tableaux scéniques, et croisent les tech­ni­ci­tés (et les musiques) des diffé­rentes spécia­li­tés de chaque danseur avec un brio épous­tou­flant. Prévu comme un simple Gloria inspiré par Vivaldi, ce spec­tacle recom­posé tout au long des confi­ne­ments est devenu un hymne « à la gloire » de chaque danseur quand il se dépasse lui-même. Le clin d’oeil final à Pina Bausch sur le remuant « nombril du monde » de Jeanne Moreau est une façon pour Montalvo de s’amu­ser du narcis­sisme des artistes pour mieux vanter la joie de l’éman­ci­pa­tion par le collec­tif. Sa joie est profonde, elle vient d’an­nées de colla­bo­ra­tion avec ses danseurs, et elle est parta­gée.

Gloria de Jose Montalvo. Jusqu’au vendredi 17 décembre à 20h30 à la Maison de la danse, Lyon 8e. De 23 à 45 €.

GLORIA Chore­gra­phie Jose Montalvo, assis­tante Joelle Iffrig, repe­ti­tion, Maison des Arts de Creteil le 30 decembre 2020. Avec : Karim Ahan­sal dit Pepito, Rachid Aziki dit ZK Flash, Mickael Arnaud, Sellou Blagone (Nadege), Eleo­nore Dugue, Serge Dupont Tsakap, Fran Espi­nosa, Samuel Flori­mond dit Magnum, Eliza­beth Gahl, Rocío Garcia, Florent Gosse­rez dit Acrow, Rosa Herra­dor, Dafra Keita, Chika Nakayama, Beatriz Santiago, Denis Sithade Ros dit Sitha. (photo by Patrick Berger)