C’est l’évé­ne­ment de ce début d’an­née : Zéphyr, la nouvelle créa­tion de Mourad Merzouki. Le prince du hip hop lyon­nais (par ailleurs pres­senti pour prendre la direc­tion de la Maison de la danse), nous en explique la genèse, à partir d’une idée très origi­na­le…

Vous aimez mélan­ger les genres et surprendre le public en tant que choré­graphe. Zéphyr, votre nouvelle créa­tion, s’ins­pire du Vendée Globe. C’est une idée pas banale pour un choré­gra­phe…

Mourad Merzouki : “Oui, j’ai été appro­ché par le Vendée Globe suite à Folia, aux Nuits de Four­vière. Pour la première fois, ils avaient envie de propo­ser un spec­tacle de danse pour lancer la course alors que norma­le­ment, ils orga­nisent plutôt des concerts. J’ai trouvé ça exci­tant d’ima­gi­ner un spec­tacle basé sur une compé­ti­tion spor­tive en lien avec la mer, un univers que je connais peu. La première aurait dû avoir lieu à l’au­tomne dernier, pour la course 2020, mais elle a dû être repous­sée à cause des condi­tions sani­taires.

Zéphyr, le nouveau spec­tacle de Mourad Merzouki. (photos Laurent Philippe)

Comment avez-vous construit votre choré­gra­phie autour d’une course mari­time ?

Je me suis mis devant ma feuille blanche en me deman­dant quelle approche je pouvais avoir d’une compé­ti­tion sur l’eau en soli­taire. En fait, dans cette course, tout dépend des condi­tions météo­ro­lo­giques, et le vent est le moteur prin­ci­pal pour gagner. N’ayant jamais travaillé sur le souffle, je me suis rendu compte que ce n’était pas inin­té­res­sant scéno­gra­phique­ment : on ne le voit pas mais il crée du mouve­ment. Il apporte quelque chose de presque magique par rapport au corps des danseurs, à la matière des costu­mes… Comme avec tous mes autres spec­tacles, je ne raconte pas d’his­toire mais je travaille à chaque fois sur une théma­tique, une image, qui est l’axe de mon spec­tacle.

Le vent est un élément qui peut se déchaî­ner. Est-ce que la choré­gra­phie sera à son image, très physique? 

J’aime travailler sur une danse toujours autant inves­tie et géné­reuse, avec une éner­gie qui vient du hip-hop et qui déborde du plateau. Zéphyr est un spec­tacle de danse où ça danse ! Après un an et demi d’ar­rêt, les danseurs ont besoin de retrou­ver le rythme, le mouve­ment. Sur le plateau, ils seront dix inter­prètes qui vont danser pendant une heure sans s’ar­rê­ter, comme un symbole de liberté retrou­vée. Quand je les regarde, ils m’évoquent d’ailleurs des voya­geurs qui luttent contre le vent mais aussi contre cette société étrange.

La musique a toujours une impor­tance prépon­dé­rante dans vos créa­tions. Pour Zéphyr, vous retrou­vez Armand Amar, le compo­si­teur de musiques de film… 

Armand a en fait commencé sa carrière en compo­sant des musiques pour la danse. Je l’ai rencon­tré pour la première fois en 2014 pour Pixel et depuis, on ne s’est plus quit­tés : il a ensuite composé la musique de Carte blanche et de Verti­kal. J’aime son approche ciné­ma­to­gra­phique de la musique. J’y trouve une cohé­rence avec mon travail qui reste avant tout basé sur les images. Beau­coup de choré­graphes travaillent d’ailleurs sur ses musiques car elles nous permettent d’ex­pri­mer ce qu’on n’ar­rive pas tout de suite à dire avec son corps.”

Zéphyr de Mourad Merzouki, du mardi 11 au samedi 22 janvier 2022, à 20h30 (repré­sen­ta­tions supplé­men­taires les same­dis à 15h), la Maison de la danse, Lyon 8e. De 20 à 40€.