Richard, un metteur en scène sur le déclin, vient pour donner son premier cours de théâtre en prison. Mais seuls deux déte­nus se présentent : Kevin, un jeune homme empli de colère, et Ange, son aîné taiseux qui n’est là que pour accom­pa­gner son ami. Le metteur en scène, secondé par une de ses anciennes actrices – acces­soi­re­ment son ex-femme – et par une assis­tante sociale inex­pé­ri­men­tée, choi­sit de main­te­nir quand même son cours…

Les person­nages n’évitent pas d’être canton­nés et isolés dans des rôles presque cari­ca­tu­raux au début de cet Intra-Muros : le jeune délinquant rebelle, le vieux malfrat silen­cieux, le metteur en scène lyrique ou la jeune assis­tante sociale idéa­lis­te… Mais rapi­de­ment le savoir-faire d’Alexis Micha­lik opère. Il construit avec brio une intrigue à tiroirs ou les flash-backs permettent de faire tomber les murs et les masques des person­nages. L’émo­tion peut alors surgir…

Intra-Muros, la machine à fiction de Micha­lik


Grâce à trois fois rien (une table, des costumes et des comé­diens talen­tueux qui inter­prètent plusieurs rôles), on voyage à travers le temps et l’es­pace pour retra­cer l’exis­tence de ces person­nages. On comprend rapi­de­ment qu’ils ne sont pas réunis par hasard et les diffé­rentes intrigues finissent par se rejoindre avec un talent que ne renie­rait pas un Paul Auster.

Plusieurs fois primé, entre autres pour Le Porteur d’his­toire, Alexis Micha­lik revi­site cette fois avec Intra-Muros l’uni­vers carcé­ral pour livrer à nouveau une réflexion puis­sante sur le pouvoir de la fiction. En en faisant une nouvelle fois un nouveau clas­sique qui n’en finit pas de tour­ner partout.

Mention parti­cu­lière pour la distri­bu­tion lyon­naise qu’on avait déjà vue à la Comé­die Odéon et qu’on retrouve au théâtre Théo Argence : Bruno Fontaine, Yohan Genin, Aman­dine Longeac, Caro­line Ribot et Etienne Diallo qui livrent une inter­pré­ta­tion très émou­vante. Le diver­tis­se­ment parfait pour passer l’au­tomne.