Comment s’em­pa­rer de Hamlet, clas­sique des clas­siques, dont le spectre revient hanter chaque année les salles de théâtre et de cinéma ? Shakes­peare est immense, hors temps, et même Apple TV+ vient de produire une adap­ta­tion de Macbeth tout en noir et blanc signée Joel Coen. Après avoir adapté Molière et Tche­kov, le collec­tif Kobal’t s’at­taque donc à Shakes­peare avec un mélange de respect et d’in­so­lence. Mise en scène par Thibault Perre­noud qui inter­prète égale­ment le prince du Dane­mark, la pièce fait preuve d’une irré­vé­rence joyeuse. On est volon­tiers gêné, voire choqué par moment, le temps par exemple d’une incroyable scène scato­lo­gique dont on vous passera les détails provoquant des réac­tions diverses dans le le public : rictus nerveux, effrois, contes­ta­tions sonores, silences pesants ou encore rires jubi­la­toires. 

La folie du collec­tif Kobal’t dans Hamlet.

Un Hamlet scato tout en punchlines

Comme dans la tradi­tion élisa­bé­thaine, une partie des spec­ta­teurs est même sur la scène. Les comé­diens jouent avec ce public qui devient un enjeu de la scéno­gra­phie (on pense à ce malheu­reux spec­ta­teur chauve sommé de deve­nir le crâne de Yorick). Le théâtre est dans le théâtre : on scrute le jeu des comé­diens en même temps que leurs effets sur les visages des autres spec­ta­teurs. Mais le plus savou­reux reste la maîtrise des acteurs dans l’art de la punchline. S’ils s’im­mergent avec talent dans les mots de l’au­teur anglais, ceux-ci sont régu­liè­re­ment enri­chis de saillies qui se fondent parfai­te­ment dans la langue de Shakes­peare et font toujours mouche. Le bruit, la fureur et le rire.

Hamlet de William Shakes­peare par le collec­tif Kobal’t. Jusqu’au samedi 29 janvier à 20h (jeu et sam à 19h30) au Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon 4e. De 5 € à 27 €.