Depuis une dizaine d’an­nées, la vie des habi­tants du quar­tier imagi­naire de La Péruche à Lyon est bous­cu­lée par les grandes réno­va­tions. Des habi­ta­tions « à taille humaines » viennent rempla­cer les grandes barres d’im­meubles. Madame Correra est la dernière rési­dente d’une tour qui doit être détruite. Cette septua­gé­naire vit seule dans son appar­te­ment. Malgré les propo­si­tions de relo­ge­ment du bailleur social, Mme Correra s’obs­tine pour­tant à rester dans son trois pièces. Trop de souve­nirs : les affaires de son défunt mari, les chambres de ses fils qui ne viennent plus très souvent.

Toute la troupe de L’Af­faire Correra de François Hien (à droite). Photos Gravity Blue­duck.

Rencon­trer les habi­tants de La Duchère

Avec L’Af­faire Correra, on découvre une ribam­belle de person­nages touchés de près et de loin par le refus de la septua­gé­naire. On passe du Maire convaincu du bien-fondé des réno­va­tions, à deux conseillers en relo­ge­ment un peu maladroits, ou encore un néo-acti­viste youtu­beur… Les scènes sont courtes, dyna­miques et décou­pées comme dans un feuille­ton. Les spec­ta­teurs sont inté­grés à la mise en scène lors des diverses réunions publiques. C’est tout le talent de François Hien qui parvient à recréer tout un monde avec seule­ment quatre comé­diens, un décor sommaire, sans jamais perdre de vue les enjeux humains. La pièce ne tombe jamais
dans le mani­chéisme d’une lourde démons­tra­tion. Elle déve­loppe au contraire une fine réflexion poli­tique, sociale et psycho­lo­gique sur l’es­pace urbain, la gentri­fi­ca­tion et la diver­sité cultu­relle, grâce à la
démarche docu­men­taire du metteur en scène. Pendant deux ans, François Hien a en effet rencon­tré les habi­tants du quar­tier de La Duchère alors en pleine réno­va­tion urbaine. Comme lui, avec L’Af­faire Correra, on a
l’im­pres­sion de s’être frotté au plus près du réel.


L’Af­faire Correra de François Hien. Jusqu’au vendredi 15 avril à 20h30 (dim 16h30, jeu 20h) au TNP à Villeur­banne, salle Jean Bouise.
Au TNP à Villeur­banne. De 7 à 25 €.