Que se passe-t-il dans la tête de François Hollande ? De cette inter­ro­ga­tion, la compa­gnie Cassandre et Cie nous offre une scène hila­rante et sort la scie sauteuse pour poncer la langue de bois… Sur un écran, l’ex­trait d’une véri­table émis­sion TV avec comme invité l’an­cien président. Mis en diffi­culté par une ques­tion sur son meeting du Bour­get et sa punchline demeu­rée célèbre, « mon adver­saire, c’est la finance », l’an­cien Président doit faire preuve de toute son habi­lité rhéto­rique pour se défendre. Sur scène, cinq « François », censés être dans la tête de Hollande se partagent à tour de rôle le contrôle du vais­seau pour se défaire de ce mauvais guêpier… La mise en scène de Sébas­tien Vali­gnat est cartoo­nesque, à la Vice/Versa, et la langue de bois de l’an­cien président est rabo­tée fine­ment pour le prochain quinquen­nat.

Le repas de famille de Campagne. (photos Louise Ajuste)

On part en campagne au Point du jour

C’est toute l’am­bi­tion de Campagne qui scrute nos enjeux démo­cra­tiques à travers la ques­tion du langage. On appré­cie notam­ment cette scène d’ou­ver­ture : un repas avant une élec­tion qui vire au psycho­drame. Les person­nages sont fami­liers et s’écharpent sur nos éter­nelles ques­tions quinquen­nales : l’abs­ten­tion­niste apoli­tique, le vote blanc, l’élec­trice qui veut voter pour un «  petit candi­dat », le votant utile, l’abs­ten­tion­niste poli­ti­sé… Il y a comme un air de déjà-vu, mais les dialogues sont précis, les dialogues font mouche et la satire fonc­tionne à merveille, sans jamais tomber dans la leçon de morale. 

Et main­te­nant, quoi ?

Dans la deuxième partie, on suit le procès d’une France person­ni­fiée par la mauvaise foi, ainsi qu’un résumé des élec­tions de la Ve Répu­blique en mode show TV. La grande ambi­tion docu­men­taire contraint parfois les évène­ments à s’en­chaî­ner trop vite et certaines situa­tions sont malheu­reu­se­ment un peu plus atten­dues. Au début discrète, la montée l’ex­trême-droite sert de fil rouge jusqu’au moment où l’on revient sur l’ac­tua­lité des dernières élec­tions. Oui Marine Le Pen est au second tour et alors la farce rede­vient sérieuse : « Et main­te­nant quoi ? ». Ça plombe un peu, mais on dira que c’est une campagne de préven­tion, salu­taire.


Campagne, de Sébas­tien Vali­gnat. Jusqu’au vendredi 15 avril à 20h au Théâtre du Point du Jour, Lyon 5e. De 5 à 18 €. Lire aussi notre entre­tien avec Sébas­tien Vali­gnat dans le numéro 98 d’Exit d’avril.

A vous de jouer… (photo Louise Ajuste)