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« Quand je regarde les danseurs, ils m’évoquent des voya­geurs qui luttent contre le vent mais aussi contre cette société étrange » décla­rait Mourad Merzouki. Sa dernière créa­tion a depuis toujours joué à guichets fermés (qui peut en dire autant ?), depuis janvier 2021…

Photos : Laurent Philippe.

Un vent de liberté

Appro­ché par le Vendée Globe à l’is­sue de son précé­dent spec­tacle Folia, le surdoué du hip-hop lyon­nais a convoqué les thèmes de la mer et du vent pour créer ses tableaux. Pendant un peu plus d’une heure, les dix inter­prètes de la compa­gnie Käfig dansent sans s’ar­rê­ter, « comme un symbole de liberté retrou­vée » sourit le choré­graphe. Le spec­tacle avait dû en effet être reporté trois fois avant de pouvoir brûler les plan­ches…

Une vague d’amour

Et ça valait le coup d’at­tendre. Sur scène, la géné­ro­sité des danseurs est inouïe, dans une fulgu­rance collec­tive passion­nante qui n’est pas sans rappe­ler l’équi­page de La Horde du Contrevent, le roman SF phare de l’au­teur lyon­nais Alain Dama­sio. La scéno­gra­phie, aussi sobre qu’in­tel­li­gente, fait ressen­tir la puis­sance du souffle jusque dans les cheveux des spec­ta­teurs. Si Mourad Merzouki se défend de racon­ter une histoire pour davan­tage travailler sur des images, et ce sont bien mille histoires qui prennent corps sous nos yeux. Celles des navi­ga­teurs et de leurs tempêtes, mais aussi celles des vagues et du vent eux-mêmes, dans leur douceur comme dans leur violence. Portés par les superbes morceaux du compo­si­teur de musiques de films Armand Amar (Va, Vis et Deviens, Le Concert…), les danseurs livrent une perfor­mance à couper le souffle, quelque part entre le contem­po­rain et le hip-hop. À la fois exigeant et acces­sible, Mourad Merzouki est au sommet de son art. Laa stan­ding-ovation à la fin de la première à laquelle on avait assisté devrait donc conti­nuer… méri­tée.

Zéphyr, de Mourad Merzouki. Mardi 4 et mercredi 5 octobre à 20h30 au Radiant-Belle­vue à Caluire. De 18 à 36 €. (annoncé complet). lire aussi notre entre­tien avec Mourad Merzouki pour le festi­val Kara­vel.