L’enjeu était de taille pour Clau­dia Stavisky. Sa créa­tion La Trilo­gie de la villé­gia­ture marque à la fois l’ou­ver­ture de la saison aux Céles­tins, mais égale­ment sa dernière mise en scène en tant que codi­rec­trice du théâtre. Un poste qu’elle occupe depuis bien­tôt 22 ans et qu’elle laisse à la fin de la saison. Comme une manière de boucler la boucle, Clau­dia Stavisky revient au drama­turge Carlo Goldini qu’elle avait déjà adapté à ses débuts avec La Locan­diera. Cette fois-ci, elle trans­pose l’in­trigue origi­nelle du XVIIIe siècle aux années 1950 pour un résul­tat malheu­reu­se­ment… tiède et sans saveur.

Bavar­dage à l’ita­lienne

Repetto blanches, casque de Vespa, robe à pois et fines mous­taches, on est bien en pleine Dolce Vita. Nous suivons un groupe de bour­geois oisifs et dépen­siers qui n’a d’autre but que de paraître en société et de rago­ter. Les enjeux sont assez faibles et on se lasse vite de leurs caprices. Iront-ils en villé­gia­ture ? Dans quelle voiture ? La robe sera-t-elle prête ? Autant de tergi­ver­sa­tions qui ne font pas de péri­pé­ties… Ou comment parler beau­coup pour ne pas dire grand-chose…

Bruno Raffaelli, un grand acteur au milieu de 3h30

Clau­dia Stavisky a souhaité que cette trilo­gie ressemble à une série. La deuxième partie se déroule à Monte­nero dans ladite « Villé­gia­ture » et permet à l’his­toire de décol­ler un peu. Mais là encore, l’in­trigue reste engluée dans la super­fi­cia­lité de ses person­nages et le comique émerge avec autant de subti­lité que la coque du Costa Concor­dia. À part la très bonne distri­bu­tion (à commen­cer par Bruno Raffaelli, génial en patriarche naïf) il n’y a pas grand-chose pour main­te­nir tout ce beau monde à flot. On peine à discer­ner la profon­deur de ce Molière à l’ita­lienne, les intrigues s’ar­rê­tant trop souvent autour du nombril. Après plus de trois heures de spec­tacles, aucun person­nage ne semble avoir compris quoi que ce soit. Honnê­te­ment, nous non plus.

Trilo­gie de la Villé­gia­ture de Carlo Goldini, mise en scène par Clau­dia Stavisky. Du mercredi 21 septembre au samedi 8 octobre à 19h30 (sauf dimanche à 16h), au théâtre des Céles­tins, grande salle, Lyon 2e. De 7 à 40 €.

La scéno, c’est ce qu’il y a de plus beau ! (photos Simon Gosse­lin)