
Jérôme Deschamps s’est taillé un costume sur mesure. Plus avare que jamais, il incarne un Harpagon à la démarche inimitable, bedonnant et traînant de l’arrière-train. On croirait même voir sa panse bouger pendant ses accès de colère. L’effet comique fonctionne et on rigole volontiers du ridicule du personnage. Car dans sa mise en scène, tout est bon pour se moquer d’Harpagon, le patriarche grippe-sou de l’indémodable pièce de Molière.

L’Avare, une pièce qui vaut le sou
L’ancien Deschiens connaît bien son Molière. Après avoir mis en scène Les Précieuses ridicules (1997) puis Le Bourgeois Gentilhomme (2022, avec musique et ballet), il s’attaque au classique des classiques. Élise veut se marier avec Valère tandis que son frère Cléante veut épouser Marianne. Mais leur père, le vieil Harpagon – a lui-même jeté son dévolu sur Marianne tandis que sa fille doit se marier avec un vieux marchand et son fils avec une riche veuve. Une pièce restée terriblement actuelle sur l’individualisme, la tyrannie patriarcale et la mesquinerie.

Macha Makeieff et les ateliers costumes du TNP
Jérôme Deschamps en propose une mise en scène sobre, en costume d’époque, confectionnée par sa compagne à la ville Macha Makeieff (et les ateliers costumes du TNP). À la satire d’origine, le metteur en scène ajoute une dose de folie avec une touche d’humour cartoonesque teintée d’absurde. Ça fonctionne à merveille : le rire est jubilatoire ! S’il se taille la part du lion avec son interprétation du pingre Harpagon, personnage central de la pièce, les seconds rôles ne sont pas en reste comme Vincent Debost qui donne une humanité touchante au personnage de Maître Jacques. Une pièce à voir ou revoir sans aucune « dot ».
L’avare, une pièce de Molière. Mise en scène de Jérôme Deschamps. Jusqu’au vendredi 21 octobre au TNP à Villeurbanne à 20h (sauf Jeu 19h30 et Dim à 15h30), grande salle Roger Planchon. De 7 à 25 €.
