Quelque part entre Pina Bausch et Jacque­line Maillan, la choré­graphe Hélène Irat­chet lance le festi­val Sens Dessus dessous avec Les Déli­vrés, le spec­tacle le plus inso­lite du mois.

C’est une artiste origi­nale et talen­tueuse, choré­graphe et danseuse pas comme les autres. Athlète de forma­tion, fan de William Forsythe qui reste le héros de sa dernière pièce, elle ne fait pas semblant quand elle danse. Et pour­tant, Hélène Irat­chet aime aussi s’adres­ser au public, créer des dialogues (ce qui est rare dans la danse contem­po­raine) et… faire rire. Elle reven­dique une “danse de boule­vard” comme il y a un théâtre de boule­vard, “quelque part entre Pina Bausch et Jacque­line Maillan. Voilà qui n’est pas banal, comme ses précé­dents spec­tacles, Sketches, dans lequel elle dansait à l’in­té­rieur d’un fauteuil (!), ou encore Hommage d’un demi-dimanche à un Nico­las Pous­sin entier, pour lequel elle s’était costu­mée… comme les person­nages du peintre !

Hélène Irat­chet et Tamar Shelef dans Les Déli­vrés. (photo Philippe Grol­lier)

De Philippe Décou­flé à France Gall

Avec Les déli­vrés, c’est au phéno­mène de la livrai­son à domi­cile qu’elle consacre son art burlesque et athlé­tique, avec toujours le plai­sir de nous embarquer dans une histoire. Celle d‘une mère et sa fille en train de répé­ter (du William Forsythe bien sûr), lorsqu’un livreur vient leur appor­ter toutes sortes d’objets pour faire du bien au corps (comme un sauna porta­tif !), et même ceux qu’elles n’ont pas comman­dés… Consu­mé­risme, fantasmes, embal­lages et envi­ron­ne­ment, cette déli­cieuse varia­tion sur le corps complè­te­ment barrée est aussi l’oc­ca­sion pour Hélène Irat­chet d’al­ler voir de plus près notre rapport à l’autre : une mère plus âgée incar­née par Tamar Shelef, grande danseuse israé­lienne, et un livreur-messa­ger bien en chair inter­prété par le Brési­lien Julien Ferranti, passé par la compa­gnie de Philippe Décou­flé s’il vous plaît. Rien n’est tout à fait comme les autres dans ce spec­tacle pour voir où le monde en est. On y danse, on y parle, on y rit et même, on y chante la plus belle chan­son sur l’amour mater­nelle qui soit : Si, maman si de France Gall, preuve ultime de la mélan­co­lie mêlée au plai­sir du show. Le spec­tacle le plus inso­lite du mois. Immanquable.


Les Déli­vrés d’Hélène Irat­chet, avec Tamar Shelef et Julien Ferranti. Du mardi 21 au vendredi 24 février à 20h aux Subs, Lyon 1er, en parte­na­riat avec la Maison de la danse dans le cadre du festi­val Sens dessus dessous. De 5 à 16 €. Puis à la Comé­die de Saint-Etienne du 28 février au 2 mars, et au théâtre de Roanne le 7 avril.