Petites gens, graves problèmes… Dur, dur, d’être gendarme. Dur, dur, d’être agriculteur… Alors quand un gendarme tue accidentellement un agriculteur en voulant le sauver du suicide (sic), tous ces gens qui n’allaient déjà pas très bien vont encore moins bien… En immergeant son film dans le quotidien d’un gendarme des côtes normandes, Xavier Beauvois écrit en quelque sorte une suite à son plus beau film, Le Petit Lieutenant, qu’on quittait avec le regard-caméra de Nathalie Baye sur les galets… Depuis malheureusement, le ton s’est fait sentencieux, la mise en scène se confond avec l’apathie des personnages, et chaque dialogue se veut l’expression signifiante d’une cause nationale (écologie, ordre public, misère sociale…).

Ce catalogue de souffrances paraît d’autant plus artificiel qu’il est pavé de bonnes intentions qu’on voit venir à dix miles chacune, avec des silences pesants entre chaque réplique pour être sûr de ne pas les manquer. A cette colossale finesse dramatique s’ajoute un conformisme familial symbolisé du premier au dernier plan (jusqu’à l’affiche). Seuls quelques rares plans muets de voile en solitaire dans la dernière partie finissent par faire enfin exister Jérémie Renier et un peu de cinéma au milieu du naufrage. Navrant.


Albatros de Xavier Beauvois (Fr, 1h55) avec Jérémie Renier, Marie-Julie Maille, Madeleine Beauvois, Victor Belmondo (qu’on voit à peine), Iris Bry, Xavier Beauvois… Sortie le 3 novembre.