Il a l’art de mettre en avant ses parte­naires, comme Anaïs Demous­tier, César de la meilleur actrice dans Alice et le maire. Amou­reux des textes, Fabrice Luchini a toujours su être sobre, au théâtre comme au cinéma. Avec La Petite, Guillaume Nicloux lui offre de se mettre à nu comme rare­ment. Presque un peu trop.

Fabrice Luchini au bout de la GPA

Mara Taquin et Fabrice Luchini.

Avec cette histoire de papy qui veut retrou­ver la mère porteuse de sa future petite fille après le décès de son fils et de son compa­gnon, Guillaume Nicloux se repose avant tout sur son acteur prin­ci­pal. Il ne nous épargne rien de ce barbu bourru coincé des cervi­cales : Luchini dans son atelier, Luchini et son chat (qui ronronne), Luchini au télé­phone, en voiture, ou ne sachant pas comment marche un distri­bu­teur en Belgique…

Car avant d’ar­ri­ver à la rencontre toujours diffé­rée et à la GPA, le film passe une bonne première moitié à ne rien faire, avant d’op­po­ser pares­seu­se­ment la géné­ra­tion de papy Luchini aux nouvelles tech­no­lo­gies : You Tube et ses millions de vues, comment cher­cher un mot de passe d’ordi ou décou­vrir le rap…

Luchini, barbu et coincé des cervi­cales dans La Petite.

Guillaume Nicloux en Lelouch apathique

Quand il ne sait plus quoi faire, le film ira voir la mer. On se dit que le tour­nage a dû être sympa. On pourra toujours dire qu’on n’a jamais vu Luchini comme ça. On aurait surtout aimé le voir jouer un person­nage plus inté­res­sant dans des situa­tions un peu mieux déve­lop­pées. Les trop rares flash­backs de l’his­toire d’amour de son fils et l’évo­ca­tion fugace des condi­tions sociales de la GPA (60 000 €), sont un peu plus inté­res­santes que la mièvre­rie géné­rale qui s’ins­talle de façon on ne peut plus télé­pho­née.

L’abat­tage de Mara Taquin appor­tera un peu de peps pour tenir éveillé aux séances de 14h, mais son person­nage reste beau­coup trop cari­ca­tu­ral comme le couple des beaux-parents. Guillaume Nicloux a toujours aimé filmer les temps morts par amour des acteurs comme une sorte de Lelouch apathique (dans Valley of love ou dans Thalasso). Si Luchini s’en sort bien, le film, lui, aurait mérité de construire un véri­table tableau de famille autour de lui plutôt que de se repo­ser sur lui.

La Petite de Guillaume Nicloux (Fr, 1h33) avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler, Anne Consi­gny (qui ne sert vrai­ment à rien)… Sortie le 20 septembre.