Rares sont les films qui parviennent à nous immerger dans un univers professionnel sans se réfugier dans un naturalisme pseudo-documentaire ni instrumentaliser ses personnages pour tenir un discours pré-digéré. Le petit paysan du titre c’est Pierre, jeune éleveur de vaches laitières qui gère seul l’exploitation familiale que ses parents lui ont confiée.

Attaché de façon obsessionnelle à son troupeau, il commence à développer une forme de paranoïa en apprenant qu’une maladie semble se répandre en Europe, obligeant à des abattages systématiques. Il va en venir aux pires extrémités…

La découverte de Swann Arlaud

Dès la première scène, à l’onirisme troublant, le film installe un climat oppressant, à la lisière du fantastique. Issu du milieu qu’il décrit, Hubert Charuel filme avec précision les gestes et difficultés de ce quotidien, mais sans jamais se tenir au simple constat sociologique. Le récit tient sur une ligne de crête assez miraculeuse entre réalisme et thriller quasi-horrifique.

Car Petit paysan est aussi le portrait d’un homme borderline, incarné par l’étonnant Swann Arlaud qu’on découvrait alors, bouffé de l’intérieur par sa solitude absolue, celle de son métier mais aussi celle qu’il s’impose. Hubert Charuel tient parfaitement un propos sur le monde paysan, assez désespéré, qui passe avant tout par une mise en scène à la beauté nocturne et la pertinence d’un casting qui confronte comédiens amateurs et professionnels. La fin d’un monde filmé comme une fin du monde : on tient un des plus beaux premiers films français de ces dernières années.

Petit paysan de Hubert Charuel (2017, Fr, 1h30) avec Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Bouli Lanners… Lundi 6 mai en prime gratuit à 21h05 sur France 5 puis en replay gratuit jusqu’au 13 mai sur FranceTV.