C’est ce qu’on appelle en Inde le « recrutement compassionnel« . À la mort de son mari dans les émeutes du pays, Santosh se voit proposer d’hériter de son poste : gardien de la paix. Qu’elle n’a jamais fait ! La voici embarquée sur un féminicide, une sordide affaire de viol meurtrier sur une jeune lycéenne de 15 ans. Avec pour supérieure, une « cheffe » qui n’y va pas par quatre chemins quand il s’agit de régler ses comptes aux hommes… et l’invite à dormir chez elle.

Santosh, premier film de fiction sans concession

Santosh et sa cheffe (Sunita Rajwar et Shahana Goswami).

Venue du documentaire, pour son premier film de fiction, Sandhya Suri s’attaque au patriarcat indien et aux violences faites aux femmes dans son pays, avec une observation subtile des mécanismes sociaux et un superbe portrait de femme… qui a pris la place de son homme. Extraordinaire actrice, Shahana Goswami compose une femme flic qui apprend vite, puissante, déterminée, confrontée aux pires scènes de violence, jusqu’à en perpétrer elle-même, non sans remords.

Violences faites aux femmes et violence des femmes

Jamais moralisateur, Santosh est construit comme une enquête à travers une ville indienne imaginaire, pourtant bien réelle à l’écran. Il captive autant par son réalisme et sa plongée dans les contradictions de tout un pays, que par la composition de ses personnages. Difficile de trouver plus ambiguë que cette cheffe qui prend Santosh sous son aile, jusqu’à l’initier au pire.

Quand il aborde les violences, Santosh ne fait pas semblant. Quand il dénonce la vengeance aveugle, même féminine, il ne plaisante pas non plus. S’il finit par hésiter dans sa résolution (chut) malgré un très beau plan de fin sur un quai de gare, ce premier de fiction particulièrement soigné reste un superbe portrait de la société indienne d’aujourd’hui, à travers les yeux d’une femme. À découvrir.

Santosh de Sandhya Suri (Ind, 2h08) avec Shahana Goswami, Sunita Rajwar, Sanjai Bishnoi… Sortie le 17 juillet.

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