A l’origine, Vaincre ou mourir ne devait pas sortir au cinéma, prévu pour être un docu-fiction historique projeté au Puy-du-Fou, cette réserve de Gaulois qui était la première à rouvrir ses spectacles pendant le confinement grâce à Emmanuel Macron… On en découvre la trace au prégénérique de ce produit inédit de « Puy du Fou films » : une brochette d’historiens et assimilés vient vanter en pure auto-promotion « l’honneur » et la « gloire » de la Vendée « grâce à ceux qui ont fait ce qu’elle este devenue« …

Suivez mon regard, on est bien dans un pur film de propagande, une sorte de Mel Gibson à la française (toute proportion gardée), dans lequel il y aura plus de plaies que de bataille. Chaque ligne de dialogue vient nous rappeler les préceptes de la Sainte-Trinité qui commande : la foi, le roi et donc, la Vendée. (on n’a pas compté mais il est possible que le film cite sa région plus d’une centaine de fois)

A partir de là, en beau gosse cheveux mi-longs au milieu des centaines de figurants costumés du parc d’attraction, fait le taf pour un film du samedi soir, et les deux yes man réalisateurs-scénaristes Vincent Mottez et Paul Mignot s’en tirent plutôt bien : on comprend tout de suite en voyant juste quelques gouttes de sang couler d’une lame en guise de décapitation de Louis XVI, que la Vendée n’est plus aussi fertile qu’à l’époque royale et que le film n’aura pas des moyens de ouf.

Hugo Becker avec du sang sur le visage et son cheval dans Vaincre ou mourir.
Hugo Becker, avec une des passions vendéennes sur le visage : le sang.

Rod Paradot et Gilles Cohen en seconds rôles

Clair-obscur sepia, gens qui parlent haut et fort avec de grands gestes et beaucoup de musique, Vaincre ou mourir se la joue surtout quand il s’agit de mourir avec moult ralentis sur la grande passion vendéenne après Dieu : le sang, et les plaies. Doublement trucidé (on divulgache), le pauvre Rod Paradot revenu de son César du meilleur acteur pour La Tête haute d’Emmanuelle Bercot (autre film, autre ambiance), en aura pour ses frais. Tandis que Gilles Cohen tente de jouer les sages indécis, avec bravoure.

C’est sans doute un hasard, mais il n’y a que des blancs dans Vaincre ou mourir. En revanche, sa cause vendéenne est si grande que même les femmes (à particule) veulent se battre. On n’ira pas jusqu’à le traiter de progressiste de peur de lui être désagréable…

Bref, la « paix de dupe » de la Révolution est sans cesse trahie par ces fourbes de Républicains « qui ne tiennent pas leurs promesses » et François-Athanase Charette de la Contrie (c’est son nom) aura tout fait pour sauvegarder l’honneur et la gloire de la vraie France qu’on devine bien dans les plans de drones qui survolent les terres avec le soleil dans les yeux. Au quinzième degré, ça peut être éblouissant…

Vaincre ou mourir de Vincent Mottez et Paul Mignot (Fr, 1h55) avec Hugo Becker, Gilles Cohen, Rod Paradot, Constance Gay, Jean-Hugues Anglade… Sorti le 25 janvier. Actuellement sur Canal Plus.

Champ de bataille gris au soleil couchant morts couchés et épées levées.