En plus de grossir à vue d’œil en nombre de séances, le festival Ecrans mixtes dont Exit est partenaire programme pour notre plus grand plaisir la toute première rétrospective consacrée à Gaël Morel. Début des festivités mercredi.

Il reste à jamais l’égérie masculine des Roseaux sauvages d’André Téchiné, avant de muter en portraitiste de la fougue de la jeunesse, notamment avec à toute vitesse, projeté en ouverture du festival. Mais le meilleur de Gaël Morel est peut-être à aller chercher dans ses derniers films, à travers deux superbes portraits de femmes dédiées à deux grandes actrices. D’abord un beau mélo sur la folie du deuil qui reste un des plus beaux rôles de Catherine Deneuve, déchirante lorsqu’elle apprend la mort de son fils dans Après lui en 2007, se braquant contre sa famille lorsqu’elle se rapproche de celui qui était au volant lors de l’accident de la route. Pour l’anecdote, avec son co-scénariste Christophe Honoré, Gaël Morel imagine Deneuve en ancienne championne de Hoola Hoop, devenue libraire dans ce qui reste un des films qui montre le mieux le Lyon d’aujourd’hui.

Gaël Morel avec Catherine Deneuve sur le tournage d’Après lui.

Sandrine Bonnaire, l’affranchie

Gaël Morel a toujours aimé les héroïnes rétives, et c’est aussi le cas de Sandrine Bonnaire dans Prendre le large, ouvrière caladoise qui, contre toute attente, choisit d’accepter un plan de délocalisation pour changer de vie en partant au Maroc. Les films sur la condition ouvrière ne sont pas légion dans le cinéma français, et encore moins les films sur le travail des femmes. Gaël Morel voulait rendre hommage au milieu d’où il est issu et, loin de tout misérabilisme, il y parvient magnifiquement en montrant une autonomie de destin possible qu’on dénie trop souvent au monde des prolétaires. En gardant toujours, en filigrane, un œil sur l’homosexualité qui a habité tous ses films, à travers l’itinéraire du fils, incarné par Ilan Bergala. Un parcours singulier dans le cinéma français, que le festival Ecrans mixtes offre de considérer aujourd’hui dans son ensemble.

Le trailer du festival réalisé par Yann Gonzalez.

Festival Ecrans mixtes, 11e édition. Du 23 juin au 1er juillet dans les cinémas Lumière, au Comoedia, au Pathé Bellecour et ailleurs.

Ouverture mercredi 23 juin à 19h45 en présence de Gaël Morel à l’Institut Lumière, Lyon 8e. Toute la programmation