Netflix voulait projeter ses films au cinéma, ce sera chose faite du 7 au 14 décembre prochains. Si la plupart des salles de cinéma se sont opposées à l’idée d’un festival Netflix, au motif de la sauvegarde de ce qu’on appelle la chronologie des médias (en gros la primauté de l’exploitation cinéma sur un film, leur garantissant longtemps l’exclusivité avant le dispatch en VàD, sur Canal + et sur ces plateformes), ce n’est donc bizarrement pas dans les salles commerciales qu’auront lieu les projections de la plateforme la plus commerciale d’aujourd’hui, mais à la Cinémathèque à Paris et à… l’Institut Lumière à Lyon, soit dans deux haut lieux de patrimoine, qui ont l’avantage d’échapper à la billetterie CNC commerciale… Ted Sarandos, co-PDG Netflix, n’est donc pas venu pour rien à la dernière ouverture du festival Lumière…

Benedict Cumberbatch dans The Power of the dog de Jane Campion.

9 films au Netflix film club

Heureux les lyonnais qui pourront donc découvrir sur grand écran quasiment en exclusivité française 6 films déjà visibles sur la plateforme dont le très éprouvant Pieces of a woman du hongrois Kornel Mundruczo, chouchou cannois et The Guilty avec Jake Gyllenhaal, remake américain inutile du thriller téléphonique danois à succès. Mais pour ceux qui l’auraient raté au dernier festival Lumière, c’est The Power of the dog, le dernier film de Jane Campion, prix Lumière 2021, qui vaut avant tout le déplacement. Avec en prime trois avant-premières : The Lost Daughter de Maggie Gyllenhaal (décidément la famille est bien servie), Déni cosmique (Don’t look up), la « comédie » de Noël écolo de 2h25 avec un casting 5 étoiles (Leonardo Di Caprio, Meryl Streep, Timothée Chalamet), et surtout le dernier Paolo Sorrentino revenant sur son enfance, La Main de Dieu, lui aussi déjà projeté au festival Lumière. Contrairement à Cannes, Lumière a d’ailleurs toujours fait bon accueil aux productions Netflix depuis Martin Scorsese et son Irishman de 3h30 projeté à l’Auditorium en 2015. Mais c’était toujours dans le cadre légitime de grandes rétrospectives de cinéastes. Reste donc à savoir aujourd’hui avec cette nouvelle étape, à l’heure de la grogne des salles vis-à-vis de l’ogre Netflix et du bouleversement de la chronologie des médias, quel problème politique peut poser le fait de faire la promotion des plus grosses productions commerciales domestiques dans des salles de patrimoine en partie financées par de l’argent public. A suivre…

L’AFCAE (Association Française des Cinémas Art et Essai) a publié une lettre ouverte suite à l’annonce du Netflix Film club à lire ici.

Netflix film Club. 9 films inédits en salles à l’Institut Lumière, Lyon 8e, du 7 au 14 décembre.

La Main de Dieu de Paolo Sorrentino.