C’est un pur thriller écolo comme on n’en a pas vu en France depuis les bons films de Robert Enrico (comme Zone rouge, avec Sabine Azéma, tourné d’ailleurs à Lyon). À travers la relation entre un père et sa fille (Sami Bouajila et Zita Hanrot, aussi radieuse que convaincante, découverte dans Fatima de Philippe Faucon), Farid Bentoumi orchestre un face-à-face entre deux grands sujets de société : la culture ouvrière plus âgée prête à faire des compromis pour sauver des emplois, et l’exigence sanitaire et écologique d’une jeune génération qui ne veut plus accepter la moindre compromission au nom de la santé collective. Les conflits à l’intérieur de l’usine sont parfaitement crédibles et documentés (avec un Olivier Gourmet impeccable en manager cynique), et le bras de fer fonctionne de bout en bout, porté par un sens du spectacle pour filmer les forêts et lacs des environs de Grenoble.

Le film finit un peu trop par se limiter à l’impact sociétal de son sujet (il fera à coup sûr de beaux débats), mais le grand spectacle instructif est trop rare dans le cinéma français pour s’en priver. Et il prouve une nouvelle fois que Sami Bouajila n’avait pas volé son César du meilleur acteur.


Rouge, de Farid Bentoumi (Fr, 1h26) avec Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette, Olivier Gourmet…
Sortie le 11 août.