Il y aura donc eu deux très beaux films français sur les amours homosexuelles au temps du sida des années quatre-vingt-dix : 120 battements par minute de Robin Campillo (actuellement disponible suer OCS) et ce beau film de Christophe Honoré, à (re)voir aujourd’hui gratuitement sur Arte. La comparaison s’arrête là. Le film d’Honoré est avant tout un autoportrait
intime et rétrospectif, en forme de mélo distancié. Après un temps d’adaptation, le film s’envole vers une tendresse inconnue jusqu’alors du cinéma d’Honoré. Trois acteurs au sommet (ne pas oublier
Denis Podalydès, exceptionnel en second rôle !) pour peindre trois visages et trois âges de l’homosexualité: le jeune homosexuel qui se ment encore un peu à lui-même, le voisin plus dévoué à son ami qu’à sa propre cause, et l’écrivain malade du sida qui bute contre une mort annoncée.

Vincent Lacoste et Denis Podalydès dans Plaire, aimer et courir vite/

« Saillir la beauté »

Voler des instants tant qu’il est encore temps, c’est le beau projet de ce mélo souvent drôle, ne grossissant jamais les sentiments de ses personnages, étreignant les instants les plus simples d’une vie. Le fantôme caressant d’un amour aimé revenant à la surface dans une baignoire, des larmes tues sur Anne Sylvestre dans une voiture, ou encore la dignité des derniers instants d’amitié dans une dernière scène bouleversante au-delà des mots… Dans une forme cinématographique plus ambitieuse qu’à l’accoutumée, Honoré aura filmé la plus douce des tendresses chez des personnages prenant, l’air de rien, plus soin des autres que d’eux-mêmes, chacun touché en plein cœur par ce renoncement douloureux d’être encore vivant en ne pouvant plus tout à fait vivre sa vie.

Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré (2017, Fr, 2h12) avec Pierre Deladonchamps, Vincent Lacoste, Denis Podalydès… Disponible en replay sur Arte.tv

La dernière scène de Plaire, aimer et courir vite.