Lorsque Zaho de Sagazan avait choisi le printemps pour livrer son premier album, à peu près en catimini, elle ne nous invitait pas pour une petite balade bucolique. L’intensité fracassante de ses treize premiers morceaux nous plongeait plutôt dans la saison des orages, qu’elle rêve de vivre de l’intérieur : « moi si j’étais un oiseau j’irais danser sous l’orage / Je traverserais les nuages comme le fait la lumière / J’écouterais sous la pluie la symphonie des éclairs. » Ces trois phrases, issues du refrain de sa chanson éponyme, donnent un bref aperçu de l’obsession de la jeune artiste pour les mots et de la puissance évocatrice de sa poésie.

Zaho de Sagazan, petite sœur de Stromae

Photo : Matthis Vendermeulen.

En fait, on ne rentre pas dans La Symphonie des éclairs, c’est le disque qui nous rentre dedans, qui nous aspire d’entrée, comme des sables mouvants. D’étrange en étrange, on se laisse ensorceler par les arpégiateurs enchanteurs, les nappes électroniques qui s’empilent, se répondent, s’enchevêtrent et les arrangements électro aussi froids que martiaux qui font petit à petit monter le rythme.

Régulièrement les scansions de la jeune chanteuse de 23 ans transpercent le cœur. Quelle voix ! On n’avait pas écouté pareils débuts depuis ceux de Stromae avec Cheese et surtout Racine carrée, auquel on ne peut s’empêcher de penser à l’écoute du tube Tristesse.

Zaho de Sagazan à Fourvière

La jeune native de Saint-Nazaire aurait même dû assurer la première partie du Belge à la Halle Tony Garnier, avant que la « tristesse » de ce dernier ne reprenne le dessus, et le force à annuler. Ce n’est que partie remise, on en est convaincus, tant les deux artistes ont en commun. Depuis, elle a raflé tout ce qu’il était possible de rafler aux dernières Victoires de la musique (meilleure chanson, révélation féminine et révélation scène), et s’est révélée une véritable bête de scène comme on en voit peu dans le cadre intime de l’Épicerie moderne, puis dans les festivals l’an passé.

Elle a même marqué la dernière cérémonie d’ouverture du festival de Cannes (il faut le faire), en livrant une version sensuelle et engagée du Modern Love de David Bowie, jusqu’à baiser la main de son idole, Greta Gerwig. Aucun doute qu’elle reprendra le titre sur scène, avec autant de ferveur. C’est dire si on attend impatiemment le concert de Zaho de Sagazan tout en haut de l’affiche aux Nuits de Fourvière. On y sera, à nouveau, plutôt deux fois qu’une, et on ne doute pas que la jeune artiste sera l’une des stars de l’été.

Photo : Emma Picq.

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