Après 20 ans de bons et loyaux services, l’heure de la retraite a sonné pour Dominique Delorme, directeur des Nuits de Fourvière. Un grand professionnel, suffisamment politique pour être discret, qui aura été longtemps l’âme de nos Nuits... jusqu’en juin 2023.

Son “festival idéal” aurait été un “festival de créations” nous confiait-il il y a quelques années. Alors que Fourvière aurait pu se contenter de recevoir des “big names” en tournée tout l’été comme nombre de festivals, venu du TNP lui a toujours tenu à ouvrir le plus grand festival d’été lyonnais par du spectacle vivant, souvent créé et répété in situ. Il aura terminé 2022 avec les plus grands noms du théâtre d’aujourd’hui: Molière, la Comédie-Française et Tartuffe en ouverture avec Denis Podalydès et Dominique Blanc, ou encore le Godot d’Alain Françon avec André Marcon. Capable de faire venir les plus grandes stars de la planète sur la scène “intimiste” de Fourvière (Bowie, Bjork, Bob Dylan, Jeff Buckley, Leonard Cohen…), il est toujours resté fidèle à ses valeurs, attentif à la diversité à travers les musiques du monde ou le cirque contemporain, du Québec à la Catalogne.

Un festival fait « maison »

“Il faut toujours des locomotives bien sûr, mais on a toujours essayé de décaler les choses pour que Fourvière reste un projet maison”. Celui qui plus jeune voulait être photographe “comme Cartier-Bresson en étudiant aux Chartreux s’est vite rendu compte qu’il n’était pas fait pour un métier solitaire. C’est un homme de troupe, fidèle aux artistes et à l’équipe en or qui a fait naviguer Fourvière jusqu’ici, pour garder l’âme de ce festival pluridisciplinaire pas comme les autres qui a commencé en… 1946 ! Ce sera tout l’enjeu après lui : entre les festivals industriels, simples hangars à vedettes d’une part, et l’entre-soi d’un théâtre qui oublie parfois le public de l’autre, lui aura su faire briller une troisième voie, propre à un service public culturel authentiquement populaire. Jusqu’à quand ? Juin 2023 en ce qui le concerne, le temps d’accompagner son ou sa successeur(e) jusqu’à la prochaine édition, que la Métropole devra désigner d’ici là.