Spécialiste de la performance théâtrale et filmique, Cyril Teste s’empare avec talent du classique de Tchekhov, La Mouette. La pièce de l’auteur russe exhibe une famille disloquée, emportée par un artiste œdipien, un auteur bourré d’égo, une mère malsaine et un couple en soif de reconnaissance.

Vivifiée par l’efficace traduction d’Olivier Cadiot, la mise en scène de Cyril Teste va au plus près des passions pour mieux scalper le sublime et le tragique de nos existences. Le metteur en scène nous propose une œuvre hybride, entre le théâtre et le cinéma, qui fait dialoguer les genres et les frontières.

La scénographie cinématographique de Cyril Teste (photos Simon Gosselin).

Nouvelles images et nouvelle traduction

Sur la scène, les comédiens jouent en même temps que sont projetées des images tournées par des caméras en hors-champ. Ces personnages dysfonctionnels sont scrutés en gros plan, dans un espace clos et enfumé. On pense d’emblée au cinéma de John Cassavetes, dont le metteur en scène est un aficionado assumé.

Dans les meilleurs moments, la caméra vient créer une fusion de l’espace et apporte un hors-champ dramatique, mai si le dispositif est impressionnant, il finit parfois par venir écraser le spectacle vivant. Il n’en reste pas moins que les personnages sont toujours à la bonne distance, plongés dans un mystère incessible. Une performance rendue possible par l’intense interprétation des comédiens de se son collectif MxM. On les voit se débattre dans la vanité, l’amour et la jalousie, en même temps que l’on observe les remous qu’ils provoquent, jusqu’à ce que les paroles retentissent plus loin que le fusil. Tchekhov est bien là.


La Mouette d’Anton Tchekhov, mise en scène Cyril Teste. Jusqu’au 12 mars à 20h (dim 16h) au Théâtre des Célestins, grande salle, Lyon 2e. De 7 à 40 €.