Dans l’histoire de la danse, c’est celle d’un homme qui a créé son propre langage. Le chorégraphe israélien de 70 ans Ohad Naharin développe depuis les années 1990 et son spectacle Haru No Umi un style unique de mouvements : Gaga. « Il n’y a aucun nouveau concept. Tout a déjà été fait. Ce qui est notre signature de chorégraphe est un art de la réorganisation », déclarait à Dance Magazine celui qui a pourtant certifié plus 150 professeurs de Gaga free-lance à travers le monde. Salué par toute la scène contemporaine internationale, Ohad Naharin est le chorégraphe résident de la Batsheva Dance Company depuis 2018, après en avoir été le directeur artistique pendant près de trente ans. Son spectacle, Venezuela, Grand Prix de la critique danse en 2019, est un succès au Théâtre Chaillot à Paris depuis la mi-mai : ses danseurs exceptionnels y incarnent des musiques aux antipodes, des chants grégoriens au rap de Notorious B.I.G en passant par l’électro.

Hora, le spectacle culte de Ohad Naharin.

De Wagner au rap

À rebours des programmations de la capitale, l’institution de la danse lyonnaise propose le retour d’une autre de ses pièces phare, Hora, conçue en 2009, où cette fois Wagner résonne avec Debussy et Star Wars avec 2001 l’Odyssée de l’espace pour une création aussi époustouflante que dérangeante, jusqu’aux limites des corps. Sublimés par la lumière d’Avi Yona Bueno, alias Bambi, les 11 interprètes empruntent l’essence même de la technique Gaga, comme une ode à la plus intime folie. La pièce est directement inspirée du travail d’Isao Tomita, pionnier de la musique électronique avec son album Snowflakes Are Dancing en 1974. Dans un décor sobre, épuré, les danseurs évoluent dans une « bulle verte » et réveillent chez le spectateurs les confins de leur liberté. En sortant, on file s’inscrire – ou pas – à un cours de Gaga, pour danser en cercle pendant des heures, sans miroir, dans une écoute profonde de son corps et de ses sensations. Sur scène ou dans les esprits, l’essentiel consiste à se laisser bouger.

Hora, par la Batshava Dance Company, chorégraphie de Ohad Naharin. Du mardi 31 mai au vendredi 3 juin à 20h30 (mer 20h) à la Maison de la Danse, Lyon 8e. De 10 à 45€.