Installer une patinoire sous la Verrière des Subsistances pour accueillir un spectacle mêlant patinage et dessin live, monté par l’un des artistes français les plus en vus (Xavier Veilhan en l’occurrence) ? Voilà le genre de défis auxquels Stéphane Malfettes a envie de se frotter. Et il nous en donné une bel aperçu le mois dernier avec Compulsory figures, le tout premier spectacle qu’il a programmé depuis son arrivée aux Subsistances. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le nouveau directeur est un adepte du grand écart artistique : passé par le Louvre, où il officiait comme programmateur du spectacle vivant, avant de prendre la tête du Palais de la Porte Dorée à Paris – un lieu qui abrite à la fois le musée de l’immigration, une salle de spectacle et un aquarium – le quarantenaire au parcours éclectique n’aime rien tant que marier des disciplines à priori opposées dans l’imaginaire collectif : « On peut créer un pont entre le populaire et des choses plus pointues, comme les films d’Hitchcock qui plaisent aussi bien au grand public qu’aux cinéphiles ».

Les Subs s’exportent

Le public, c’est justement le cœur du programme du nouveau directeur. Celui qui fréquentait déjà les Subs en tant que spectateur veut faire du « du public, le héros », en proposant des créations encore plus participatives qu’elles ne le sont déjà. Comme avec l’artiste Yan Duyvendak qui présentera en juin, suite à sa résidence, un spectacle en forme d’escape game : « Sans le public, les spectacles de Yan n’existent pas. A tel point qu’à la place des répétitions, il organise des crash tests avec des spectateurs cobayes ». Parmi ses autres projets, Stéphane Malfettes souhaite ouvrir le site sur la ville mais aussi à l’international. « Chaque année, on invitera en résidence des artistes étrangers jamais vus ici et originaires de structures semblables aux Subs. » La première résidence internationale sera lancée en septembre avec cinq artistes femmes, venues de la Termitière au Burkina-Faso. « Elles vont recomposer leur création en format plus court pour les présenter toutes ensemble sur une soirée. » Avant de prendre la route pour le Théâtre de Chaillot à Paris ou le Lieu Unique à Nantes : « On veut exporter la valeur des Subs en France mais aussi en Europe ».

Moteur créatif

Quand il ne dirige pas une institution ou ne conçoit pas une expo, Stéphane Malfettes se passionne pour la musique. Il a par exemple écrit un livre sur les musées dédiés au rock aux Etats-Unis, American Rock trip, pour lequel il a visité 50 de ces lieux, et même dédié une conférence aux fans dans le cadre de SuperTalk, l’organisme de conférences qu’il a crée. « Cet attachement irrationnel est aussi un vrai moteur créatif. Les plus grands fans sont devenus de grands artistes, comme Springsteen ou les Rolling Stones », raconte le directeur qui partage ce même moteur créatif: « C’est à cause de lui qu’on s’emmerde à construire une patinoire sous la verrière ! ». Vous pourrez découvrir la programmation de ce Lyonnais à suivre en 2020 dès ce mois-ci, avec le Moi de la danse, qui à terme devrait évoluer en festival pluridisciplinaire. Caroline Sicard

Le Moi de la danse, du jeudi 23 janvier au dimanche 9 février aux Subsistances, Lyon 1er. Plus d’informations sur les-subs.com