Les Invites de Villeurbanne

D’imposants ours en peluche se tiennent, à la tombée de la nuit, sous l’éclat d’un lampadaire… et de la neige. En juin, ce n’est pas banal. Ici, des femmes en robe couleur pastel esquissent des pas de danse. Ourse célèbre le beau, traque le détail qui fait mouche, les notes de musique qui consolent, le clin d’oeil loufoque à travers une suite de tableaux tantôt tendres, absurdes ou fantaisistes. Une traversée onirique qui rappelle que le beau est une affaire des plus sérieuses.

Dans une danse cathartique, le danseur et chorégraphe Zora Snake révèle le parcours des oeuvres pillées, de ces masques et objets sacrés qui ont été accaparés par les Européens. La performance mêle le hip-hop, le breakdance, une danse sacrée venue de l’ouest du Cameroun, une bande-son de discours politiques et d’analyses géopolitiques, la musique live de la flûtiste Maddly Mendy Sylva.

Un immense portique, des numéros de cirque renversants, une trompette insolente : voici les ingrédients de base. Il ne manque que le public, convoqué comme simple citoyen ou comme bourreau, tantôt passif ou décisionnaire.

Des comédien·nes passent. Ils déplacent des poussettes multicolores. Seul·e·s est une déambulation qui compte cinq tableaux entremêlés de « marches chorégraphiées de poussettes ». Ces tableaux témoignent de l’existence de parents solos, de leur quotidien...

Marie-Do Fréval habite tour à tour cinq personnages comme autant de costumes pour mettre en mouvement la résistance. Chacun peut faire preuve de courage ou d’impuissance, ce sont les deux faces d’une même pièce. La comédienne se fait vache, puis version féminine de Charles de Gaulle (Marie De la Gaule), puis Marianne de cabaret, une vieille dame ou encore créature venue de l’imaginaire déluré de la plasticienne Niki de Saint-Phalle. L’éventail des personnages se déploie dans l’espace public, les bars, les files d’attente, vient interrompre le cours ordinaire de la vie et interroger le public : peut-on secouer le monde ?

Une tempête vengeresse, et voilà que trois naufragés échouent sur une île habitée de créatures surnaturelles et un esprit des airs. Les comédien·nes devront affronter leur propre tempête. Une main tendue ? Celle du public, phare salvateur au coeur d’une pièce épique, qui seul pourra secourir les six interprètes à la dérive...

Pas facile de se faire une place en tant que « fils de ». Surtout quand on est fils de cascadeur, qu’on est un peu trouillard, plutôt maladroit et en proie à de multiples phobies. Mais qu’importe, Jacques, enfant timide et réservé, va conjurer le sort. Il est temps de faire ses preuves. Le Graal ? Effectuer une cascade particulièrement périlleuse, jamais réalisée (pas même par le patriarche). Sous les encouragements, Jacques s’élance sur sa mini-moto…

L'artiste livre ici son premier spectacle solo, accompagnée par le metteur en scène Guy Alloucherie et s’inspire des écrits de Mona Chollet, de la Horde du contrevent d’Alain Damasio, de Paul Éluard et Virginie Despentes.

Dans la bande dessinée Imbroglio, Lewis Trondheim imagine un huit-clos loufoque avec des rebondissements gigognes : tout le monde tue tout le monde, mais personne n’est jamais vraiment mort. Bref, c’est le bazar, et il y a de quoi s’amuser avec une adaptation théâtrale. La compagnie Lapin 34 s’y emploie et revisite le scénario initial déjà sacrément tordu, en lui donnant quatre directions : un vaudeville, une « folie dessinée », une tragédie grecque et une version sanguinolente façon Quentin Tarantino.

Dans un lent crescendo enlevé et haletant, une énergie brute vient happer le public, hypnotisé par des mouvements francs, une chorégraphie millimétrée et frénétique. La spirale d’énergie tournoie jusqu’à étourdir le spectateur et le laisser sonné après quarante minutes virtuoses.

Dans Bath-Flop, la clown et équilibriste Barbara Probst mêle les arts du cirque et le burlesque. Dans le rôle d’une commerciale en charge de faire la promotion de l’objet à désirer, elle se retrouve rapidement dépassée : grand écart, dérapages contrôlés, cornes de shampoing et bulles de savon moquent l’hyperconsommation, le monde de la publicité et les techniques de vente dans une performance aux accents de Buster Keaton.

Huit personnages semblent perdus dans la ville, une valise à la main. Sont-ils voyageurs ? Migrants ? Le spectacle de Kamtchàtka, du nom de cette péninsule située à l’Extrême-Orient russe, se saisit des migrations, des exils. Le spectacle se fait miroir : quel sort réservons-nous à l’autre ? À l’étranger ? Le public devient acteur du dialogue qui s’engage.