Ce midi-là, la moitié de la salle était occupée par des pompiers. Pas d’incendie en vue, à part éventuellement à la carte des digestifs, très fournie. Seulement la proximité avec la caserne du 3e, très populaire grâce à ses fameux bals du 14 Juillet. Il y a aussi des gens de la Préfecture, des archis, des avocats entre deux plaidoiries… Toujours grâce à cette proximité stratégique bienvenue, mais pas que. Ils ont du nez : la cuisine est non seulement excellente, mais aussi marquée et originale.

Pour l’instant Bazar, ce nouveau-né, en lieu et place du regretté Les Attablés, se polarise sur l’heure du déjeuner. Le soir, en fin de semaine, on est plutôt à l’apéro (carte des vins dès 4,50 euros le verre, cela se fait rare) et aux petits plats à partager de type frites/ketchup de poivrons, salade de poule/tomates confites/pickles de rhubarbe…

On s’était polarisé sur le plat du jour : un incitatif paleron confit grillé/caviar d’aubergine/ confit d’oignons/ pommes de terre sautées/ émulsion d’ail / tapioca soufflé. Malheureusement, pfuit, il avait disparu. Alors qu’on allait incriminer l’escouade des soldats du feu et des nids de frelons, on apprenait qu’ils pratiquaient une intervention express sur un menu spécial : un duo de saucisses et crémeux de chou- fleur.

Les bons desserts du chef Adrien.

Bazar, un plat du jour par l’ancien chef du Sofitel

Qu’importe – mais la lose quand même – le bœuf était remplacé par une bonne côte de porc, épaisse et tendre. Le tapioca soufflé était toujours en place. C’est le principe des fameuses chips asiatiques – les kouprouks – pleines d’air et d’addiction que l’on retrouve dans les restaurants asiatiques. Elles synthétisent assez bien une polarité du chef Adrien (ex Sofitel/Trois-Dômes).

Il joue avec volontarisme la confrontation radicale entre le croustillant et le crémeux, comme le pâtissier Léo d’ailleurs dont on a particulièrement cracofondu sur un crémeux de chocolat, pop corn et grué de cacao torréfié. Le choc est identique chez les nuggets de bonnet de veau/ gribiche de pickles/salade d’algues, dont la texture croquante à l’extrême ferait passer une biscotte pour du pain de mie.

On a aussi particulièrement apprécié les « steaks d’aubergine » (et kouprouks) et le taboulé à la poudre d’olive, en attendant de revenir pour la queue de lotte. Le patron, Jonathan, outre des qualités d’accueil bistrot-mais-qui-n’en-fait-pas-trop, a ajouté quelques détails qui nous touchent au coeur : des porte-manteaux à chaque table (miracle), des tartines au petit-déjeuner (même le café Bellecour n’en fait plus). Du bon Bazar.

Bazar. 96 rue Pierre Corneille, Lyon 3e. 04 78 60 21 28. Ouvert du lundi au vendredi à midi et du mercredi au vendredi, le soir. Formule : 20 euros (midi). Menu : 25 euros (midi). A la carte (midi) : compter 45 euros. Le soir : assiettes à partager de 8 à 16 euros.

La joyeuse équipe de Bazar. (photo © Maxime Gruss / Exit Mag)