On a toujours du mal ici à distinguer la différence entre une trattoria et une osteria. Aux origines, la trattoria était un petit resto familial et populaire, l’osteria était plutôt un bar qui a fini par servir des plats. Et même – a-t-on entendu sur radio gossip – dans certains cas, abritait-il quelques activités annexes liées à la prostitution… Aujourd’hui, il semblerait que l’osteria soit un peu plus tendance, plus en phase avec la modernité, sans tomber dans l’univers plus chic du ristorante

Osteria Matto, la nouvelle adresse de l’ancien Tartufo de Marco Asti

De fait, le tout neuf Osteria Matto (« fou« ) sert des plats aussi simples que riches aromatiquement. Pour les amateurs d’histoire culinaire, Thomas aux commandes (et Anaïs aussi aux platines) est le fils de Marco Asti qui fit les belles heures du regretté Tartufo à Ainay (côté Charité). Ce ne sont pas exactement les mêmes plats, mais l’esprit est le même, à tel point que de nombreux clients de l’ancienne adresse s’y pressent. D’abord par nostalgie, puis par totale adhésion. La transmission familiale perdure. Un peu comme les coins à champignons, ils y en a toujours qui repoussent.

A l’Osteria Matto, on a même droit au gâteau de la grand-mère Elvira, ce genre de chose gavée de pignons de pin et de raisins secs qui pourrait rester un secret de famille tellement c’est bon. En entrée du jour, il y avait ce qui peut paraître original dans nos contrées : une salade de blettes avec de la fontina, du guanciale et des herbes. Envoyez-moi tout ça à la traduction !

Thomas aux fourneaux et Anaïs aux platines. (photos © Maxime Gruss / Exit Mag)

Fontina, fuanciale, blettes et véritables produits d’Italie

La fontine est un fromage de vache mi-mou mi-dur, étendard du Val d’Aoste (à droite en sortant du tunnel). Le guanciale est de la viande séchée de joue de cochon. La blette détaillée en petits morceaux présente deux textures et deux saveurs différentes suivant qu’il s’agisse du blanc ou du vert. D’après nos souvenirs, la blette italienne, comme le cardon, dégage un peu d’amertume. Ici ce plat est tout doux, made in France, où l’on supporte moins l’amer à part le café et, contraint-forcé, le prix de l’essence.

Risotto aux cèpes et poulet marsalla

On est aussi allé piocher dans la carte du soir, qui marche aussi à midi, ce que font, paraît-il, la majorité des clients de l’Osteria Matto. Il y avait un mille-feuille d’aubergines et de ricotta, une salade caprese avec une compotée de figue, des beignets de morue plutôt attirants, mais on n’a pas pu éviter le vitello tonnato, c’est une passion. Le type qui a eu l’idée d’associer du veau coupé fin comme du papier bible avec de la mayonnaise au thon devrait être mis à la tête du Vatican. Celui là était classique coupé au rasoir, cuit à basse température on suppose. Délicieux… Comme le risotto aux cèpes et le poulet au marsalla. Perfetto.

Osteria Matto. 23 rue de Sèze, Lyon 6e. 04 72 71 79 66. Fermé samedi et dimanche. Formule (midi) : 19 €. Menu (midi) : 24 €. Carte : compter 40 €.