C’est pas du Bergman… mais du cinéma indépendant de truands un peu déjanté. Old Dolio est la fille unique d’une famille « non conventionnelle ». Papa et maman l’ont en effet initiée dès son plus jeune âge au degré zéro du banditisme : la petite escroquerie située exactement aux antipodes de Ocean’s Eleven. Ainsi, Old Dolio vole les boîtes postales situées à côté de la sienne en passant la main à travers le casier, ouvert côté réceptionniste, pour récolter une cravate, du courrier sans valeur et un respect très mesuré de ses parents. Leur logement, à la limite du squat, est régulièrement envahi par des monceaux de mousse rose dégoulinant des murs, qu’il faut ramasser à pleins seaux.

Au cours de plans toujours aussi minables, à base de remboursements de bons d’achat, de tentative de trafic d’antiquités (vous voyez la biche en résine sur la télé de votre arrière-grand-mère), de squat de la maison d’un vieillard sous perfusion en instance de létalité, la famille rencontre Mélanie, elle aussi familière de la petite arnaque. Contrairement à Old Dolio, complètement introvertie et cachée derrière de longs cheveux comme Monsieur Machin dans la famille Adams, Mélanie respire la vie. « Remember that my brain is in my tits », dit-elle fièrement à Old Dolio, habillée à la mormone. Cette dernière découvre, comme un éclair ou un tremblement de terre (on est à Los Angeles, son père attend le Big one), qu’au lieu de l’amour de sa famille elle a seulement hérité de la science qui consiste à éviter les caméras de surveillance. Eva Rachel Woods (la Dolores de Westworld), remarquable en Old Dolio, découvrira-t-elle l’amour ? Nous, on l’aime. F.M.


Kajillionaire, de Miranda July (EU, 1h34) avec Evan Rachel Woods, Debra Winger…