Mozart, Rossini, Verdi, Puccini, Berg ou Brit­ten… Au poker, on appel­le­rait ça un full gagnant. A l’opéra, on appelle ça un miracle, par les temps d’éco­no­mie budgé­taire qui courent… comme l’a rappelé Richard Brunel, le direc­teur de l’Opéra de Lyon, en ouver­ture de sa confé­rence de presse de présen­ta­tion de saison.

Là où la plupart des maisons lyriques affichent au mieux trois créa­tions par saison, l’Opéra de Lyon – au finan­ce­ment stabi­lisé jusqu’en 2027 par une conven­tion Etat-Ville-Région – en affiche neuf. Avec des projets inno­vants comme un opéra-roulotte pour la créa­tion partout en région d’un opéra itiné­rant, Le Sang du glacier, mis en scène par Angé­lique Clai­rand du théâtre du Point du Jour, une des nombreuses femmes à l’af­fiche de nouvelle saison 24–25.

Vous cher­chez du grand spec­tacle popu­laire ?

Le Turc en Italie de Rossini vu par Laurent Pelly.

Vous pour­rez rire en redé­cou­vrant Le Turc en Italie de Rossini pour les fêtes de fin d’an­née, par l’in­dis­pen­sable Laurent Pelly, avec son sens du rythme et de l’élé­gance au service de la comé­die. Vous pour­rez aussi, dans le cadre du festi­val 2025, assis­ter à La Force du destin de Verdi, dont la célèbre ouver­ture servait de géné­rique au Jean de Florette de Claude Berri, ici confiée à un jeune metteur en scène alle­mand, Ersan Mond­tag. Vous y retrou­ve­rez Elena Guzeva actuel­le­ment dans La Dame de pique et Riccardo Massi, le ténor d’ex­cep­tion à l’af­fiche de La Fille du Far West.

Rossini, Verdi, Puccini et Mozart

Le jeune metteur en scène alle­mand Ersan Mond­tag montera La Force du destin de Verdi.

Last but not least, Madame Butter­fly pour clôtu­rer cette trilo­gie de l’âge d’or italien avec Rossini, Verdi et Puccini, portée par la plus grande Cio Cio San d’aujourd’­hui, et mise en scène par l’al­le­mande Andrea Breth, jamais avare d’au­daces esthé­tique comme poli­tique.

Enfin, c’est l’école des amants du Cosi fan tutte de Mozart qui clôtu­rera cette nouvelle saison 24–25 dans une nouvelle produc­tion de Marie-Eve Signey­role, encore une femme, avant d’être décli­née à travers des projec­tions gratuites en région. Qui a dit que l’opéra était un art élitiste ?

Vous cher­chez du grand art lyrique ?

Daniele Rustioni, direc­teur musi­cal de l’Opéra de Lyon. (MX produc­tions)

Pour les amateurs d’al­cool fort, deux chefs-d’œuvre lyriques du XXe siècle embrassent la saison : le Wozzeck hyper-théâ­tral et puis­sant de Berg, 100% made in Opéra de Lyon avec Richard Brunel à la mise en scène et Daniele Rustioni au pupitre. Et Peter Grimes de Brit­ten, vu comme un bouc émis­saire de l’ho­mo­pho­bie par le metteur en scène Chris­tof Loy, invité perma­nent des grandes scènes inter­na­tio­nales qui n’avait pas encore échoué à Lyon. Il sera dirigé par Wayne Marshall, grand chef élec­trique de la musique du XXe siècle.

Enfin le festi­val 2025 sur le thème de « Se saisir de l’ave­nir  » fera la part belle à la créa­tion avec un spec­tacle pour les enfants de la maîtrise de l’Opéra, et 7 minutes, opéra du toujours passion­nant Gior­gio Batis­telli adapté de la pièce de son compa­triote Stefano Massini à partir du récit des ouvrières auver­gnates de Lejaby d’Ys­sin­geaux.

Les chiffres du public de l’Opéra de Lyon

Richard Brunel, direc­teur géné­ral de l’Opéra de Lyon. (photo Jean-Louis Fernan­dez)

« Réin­ter­pré­ter les œuvres ou en créer de nouvelles pour le public d’aujourd’­hui », tel est le credo de l’Opéra de Lyon, rappelé par Richard Brunel. Avec 91% de taux de fréquen­ta­tion, 71% du public qui vient une fois dans la saison et 30% de nouveaux venus, l’Opéra de Lyon, parti­cu­liè­re­ment jeune (un quart du public a moins de 29 ans et deux tiers moins de 49 ans) a tota­le­ment méta­mor­phosé l’ap­proche de l’art lyrique, dont certains poli­tiques encore enkys­tés dans leurs a priori voudraient encore nous faire croire qu’il s’agit d’un art bour­geois du passé. Seuls 17% des spec­ta­teurs de l’Opéra de Lyon sont aujourd’­hui des abon­nés. Le contraire de l’entre-soi. Ce qui n’em­pêche pas de vouloir en faire partie, au vu d’aussi belles propo­si­tions artis­tiques.

La nouvelle saison lyrique 24–25 à l’Opéra de Lyon :

Wozzeck d’Al­ban Berg. Mise en scène Richard Brunel, direc­tion musi­cale Daniel Rustioni, avec Stéphane Degout. Du 2 au 14 octobre.
Le Sang du glacier de Claire-Méla­nie Sinn­hu­ber. Mise en scène Angé­lique Clai­rand. Opéra itiné­rant du 9 au 14 décembre au théâtre du Point du Jour, Lyon 5e, puis dans toute la région.
Le Turc en Italie de Rossini. Mise en scène Laurent Pelly, direc­tion musi­cale Clément Lonca, avec Florian Sempey. Du 11 au 29 décembre.
Madame Butter­fly de Puccini. Mise en scène Andrea Breth, dir mus Sesto Quatrini. Du 22 janvier au 3 février 2025.
La Force du destin de Verdi. Mise en scène Ersan Mond­tag, dir mus Daniele Rustioni, avec Riccardo Massi. (festi­val Se Saisir de l’ave­nir) Du 14 mars au 2 avril 2025.
7 minutes de Gior­gio Battis­telli. Mise en scène Pauline Bayle, dir mus Miguel Perez Inesta. (festi­val Se Saisir de l’ave­nir) Du 15 au 29 mars 2025.
L’Ave­nir nous le dira de Diana Soh. Créa­tion pour la maîtrise de l’Opéra, mise en scène Alice Laloy. Du 15 au 23 mars au TNP à Villeur­banne.
Peter Grimes de Benja­min Brit­ten. Mise en scène Chris­tof Loy, dir mus Wayne Marshall. Du 9 au 21 mai.
Cosi fan tutte de Mozart. Mise en scène Marie-Eve Signey­role, dir mus Duncan Ward. Du 14 au 24 juin.

Ouver­ture des abon­ne­ments et mise en ligne de la saison 24–25 : jeudi 16 mai à 12h. Grande soirée de présen­ta­tion au public : jeudi 16 mai à 20h. Ouver­ture des ventes à l’unité : mercredi 5 juin à 12h.

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