Pelly et Offenbach, c’est une longue histoire d’amour, à Lyon pour l’essentiel, depuis la production mythique d’Orphée aux enfers avec Natalie Dessay il y a plus de 20 ans jusqu’au Roi Carotte, satire irrésistible avec des costumes légumiers jusqu’à la racine, qui a fait le bonheur des fêtes de fin d’année. 11 productions plus tard, voilà qu’en 2019 il ressuscitait – c’est le cas de le dire – ce Barbe-Bleue qu’on n’avait pas revu sur scène depuis sa création en… 1866.

Offenbach-Pelly, les deux font la paire !

Et non seulement ce n’est pas un fond de tiroir, mais c’est tout simplement un des plus grands spectacles de Laurent Pelly. Espièglerie, mauvais esprit, satire politique, cette histoire de serial killer d’opérette qui préfère empoisonner ses conquêtes pour avoir à chaque fois le plaisir de se remarier est un poème de comédie.

Les chœurs de l’Opéra de Lyon dans les décors de Chantal Thomas.

Barbe-Bleue : sa femme s’appelle boulotte !

La direction d’acteurs de Pelly fait une fois de plus des merveilles, de la scène du baise-main de gala dans les salons de l’Elysée reconstitués par la décoratrice Chantal Thomas, à la rencontre à la campagne avec une “Boulotte” digne d’un “Rubens”, jeune fille naïve et bien en chair qui a l’abattage de la voix de stentor d’Héloïse Mas (de nouveau là pour la reprise)…

Yann Beuron alias Barbe-Bleue débarquant à la campagne !

Elle va tâcher d’échapper à la mort dans les caves du monstre, le livret est drôle et malicieux, et Pelly enchaîne les séquences parlées et chantées d’un même élan, en grand orfèvre. On ne révélera rien du coup de théâtre de la seconde partie, aussi drôle que fantastique, dans un décor à double-fond qu’on vous laisse le plaisir de découvrir. Une production d’anthologie, à conseiller à tous ceux qui n’ont jamais mis un pied à l’opéra. Merci monsieur Pelly.