Même quand on aime Balzac, Eugénie Grandet était sans doute le volume de la Comédie humaine qui rasait le plus de monde sur les bancs de l’école où il faisait partie des plus étudiés. Ecrivain passé au cinéma, Marc Dugain a d’une certaine façon le mérite de la fidélité dans cette adaptation archi-scolaire aux images compassées, dans la lignée de son film précédent, L’Echange des princesses. Image numérique assez terne, répliques au cordeau, il ne manque pas un bouton de culotte dans ce film à costumes appliqué, qui, à défaut d’audace formelle (n’est pas Jane Campion qui veut), tente d’actualiser les personnages aux lumières d’aujourd’hui : rigueur anti-libérale pour Félix Grandet pour qui un sou et un sou, victimisation sous le joug de la domination masculine pour sa fille…

César Domboy flirte avec Joséphine Japy.

Vous avez dit « féministe » ?

Pas sûr que Balzac, auteur de magnifiques portraits de femmes par ailleurs, ait vraiment été aussi féministe que Marc Dugain, mais le film vaut éventuellement le détour pour la composition de ses acteurs (à part Valérie Bonneton en marâtre) : Olivier Gourmet en roc brisé qui court à sa perte à force de mesquinerie au détriment de ce qu’il a de plus cher, et Joséphine Japy en Bovary courtisée qui finit par s’emparer de son destin avec lucidité. Les seconds rôles papillonnent autour d’elles en prenant leur désir en patience comme une promesse d’avenir à laquelle il manque un tantinet de sensualité pour s’incarner. Gageons qu’il y en aura plus dans les aventures de Rastignac dans les Illusions perdues de Xavier Giannoli le 20 octobre. une chose est sûre. Balzac redevient est à la mode.

Eugénie Grandet de Marc Dugain (Fr, 1h45) avec Joséphine Japy, Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, César Domboy…