Verhoeven avait toujours voulu faire un film sur Jésus. Il aura fait un film sur une soeur habitée par Jésus. Chasse aux démons, amour charnel, jouissance et expiation, stigmates et délires christiques… ce film sur l’histoire vraie d’une sainte lesbienne du XVIIe siècle se transforme en divertissement décomplexé de chair et de sang, sous la plume du scénariste de Elle, David Birke, dans lequel Virginie Efira jouait déjà une sainte-nitouche en second rôle… Cette fois, elle touche, et elle est de tous les plans ! On retrouve avec bonheur le sens de l’action propre à Verhoeven, de la reconstitution d’époque, très belle, aux cauchemars sanglants, en passant par l’exploit de (presque) réussir un thriller en chambre avec rebondissements à gogo et second rôles de luxe (Charlotte Rampling et Lambert Wilson, épatants). 

Lambert Wilson sous son grand chapeau.

Extase lesbienne façon Marc Dorcel

C’est l’imagerie religieuse et les ruses du corps qui amusent Verhoeven, avec ce goût du kitsch et le voyeurisme goulu qui habitent son cinéma depuis Le Quatrième homme (1983)… dans lequel on voyait un homme baisser le slip rouge d’un Christ sur la croix. Ici, c’est la fête au crucifix et à l’extase lesbienne, façon Marc Dorcel. Splendide, Virginie Efira semble plus avoir été choisie pour sa plastique que pour l’ambiguïté qui manque à son incarnation, même si en gros malin Verhoeven se garde bien de lever le doute quant à sa sainteté (pour la réflexion sur la foi, mieux vaut regarder C News…). Lorsqu’il quitte le divertissement pour se prendre un peu trop sérieux – avec des artifices de doublage qu’on épargne à ceux qui n’ont pas encore vu le film – Benedetta se dévoile, à l’instar de son final impayable, pour ce qu’il est au bout du compte : un nanar sympathique, film mineur et insolite comme sait encore en créer Verhoeven, plaisant à regarder, mais pour amateurs de cinéma de genre exclusivement.

Benedetta de Paul Verhoeven (Fr, 2h07) avec Virginie Efira, Daphné Patakia, Charlotte Rampling, Lambert Wilson, Olivier Rabourdin…

Daphné Patakia et Virginie Efira par qui le scandale arrive…